Son instauration a représenté une révolution et il était grand temps, vu la sous-représentation des femmes dans la sphère économique. Instrument ciblé pouvant être efficace au regard de son objectif, la progression des femmes à des postes-clés, y a-t-il pour autant de quoi être satisfait des quotas ?
Les quotas fonctionnent « relativement » bien
Il a fallu les imposer ces lois ! Copé-Zimmermann (2011)¹, Sauvadet (2012)² ou encore la loi de 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche³. Le spectre de la « femme quota », dont la candidature serait retenue grâce à son sexe et non à sa compétence, était toujours brandi, y compris par les femmes elles-mêmes, avec toute la force vertueuse et dissuasive de ceux qui restaient aveugles aux mécanismes des quotas invisibles de la cooptation, ce mécanisme vicieux, en vigueur à tous les niveaux de pouvoir dans la société. Ces réformes ont entrainé des progrès indéniables. Même s’ils restent présidés par des hommes, le CAC 40 annonce 45% de femmes dans ses conseils d’administration4(CA) et 46% au SBF 120. Mais Le ruissèlement attendu des instances de gouvernance vers les instances de direction ne s’est pas produit. La participation des femmes aux Comex (comités exécutifs) et aux CoDir (Comité de direction) est insuffisante. Nous sommes toujours dans une société qui demeure à maints égards patriarcale, sexiste et discriminante5.
Des effets positifs indéniables
Malgré les réticences de principe, les entreprises ont su s’organiser pour trouver des candidates de valeur, les compétences des nouvelles administratrices ne sont remises en cause par personne, la qualité des délibérations et des décisions des CA n’a pas été affectée – sinon de manière positive6. Du point de vue des femmes, les quotas les rendent légitimes d’accéder à des postes de direction. Ils sont le meilleur antidote au syndrome de Cendrillon7 ou au sentiment d’imposture8 qui plombe leur confiance en elles-mêmes. Ils permettent d’échapper à l’invisibilité « si j’ai un quota, c’est que je le vaux bien ». Pour les entreprises, il existe depuis de nombreuses années, des recherches qui se développent sur les corrélations entre les comportements du top management et les résultats économiques et financiers et établissent un lien étroit et positif entre la diversité au sein des instances dirigeantes et la performance financière9.
Il faut aller plus loin
Une nouvelle proposition de loi devrait permettre, si elle est approuvée par le Sénat, d’accélérer le calendrier de la parité. Dix ans après la loi Copé-Zimmermann, les entreprises de plus de 1 000 salariés devront avoir une proportion de femmes parmi les cadres dirigeants de 10% puis 30% en 2027 et 40% en 2030. Les sanctions en cas de refus iront jusqu’à 1% de la masse salariale. Toutefois, s’il représente un signal incontestable pour davantage de parité, le système de quotas ne résout pas tout. Les organisations attendent des femmes un surinvestissement professionnel et la charge mentale liée à la conciliation famille/travail n’en est que plus forte.
L’égalité est devenue un enjeu stratégique incontournable et puis… la question n’est plus d’être pour ou contre les quotas mais pour une politique qui fonctionne !
Michèle Robach
¹Instauration de quotas dans les conseils d’administration des entreprises cotées et dans les entreprises comptant plus de 500 salariés et un chiffre d’affaires supérieur à 50M€.
²Parité dans les nominations aux emplois d’encadrement supérieur de la fonction publique.
³Parité dans les comités de sélection et instances dirigeantes dans l’enseignement supérieur.<
42ème place en Europe après l’Islande.
5Élisabeth Moreno, ministre chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes.
6Terra Nova du 8 mars 2021 : Pour un quota des femmes dans les instances de direction des entreprises.
7Désir inconscient d’être prise en charge par autrui.
8On ne mérite pas sa réussite.
9McKinsey dans son rapport « Women matter » considère qu’« au niveau micro-économique nous trouvons toujours une forte corrélation positive entre la présence de femmes à des postes de leader et la performance financière de l’entreprise ».