« Méritocratie » était le thème choisi pour les 18ème Entretiens de Royaumont en décembre dernier. Que signifie ce terme barbare qui a surpris les participants ? Remettre en route l’ascenseur social, permettre aux jeunes issus de familles modestes de suivre des études supérieures ou se battre pour l’égalité des chances, la réussite professionnelle n’est pas à la portée de tous malgré un travail exigeant et un engagement sans faille. Réussite ou mérite, telle est la vraie question !
Illusion ou réalité
Tout le monde sait qu’il faut dans une vie tournée vers le monde du travail, d’abord choisir le chemin, puis définir le facile et le difficile, voire l’inatteignable, et savoir si le mérite peut-être le résultat de tous ces efforts. Briser les plafonds de verre de la vie n’est pas une mince affaire et la méritocratie, même si elle agite les sphères professionnelles, est aussi présente dans la société toute entière. La réalité pour beaucoup, c’est d’abord chercher et trouver un travail, puis se reconstruire si on sort d’une période d’inactivité, et surtout retrouver l’envie. L’illusion, c’est que les doutes vont disparaître et la confiance revenir comme par magie.
Égalité oui… mais !
Pour Rétif de la Bretonne « Le travail produit des inégalités justes ». Dans les milieux favorisés, les enfants ont quatre ans d’avance. La démocratisation du bac n’a pas donné de certitudes pour l’accès aux études supérieures et l’égalité n’est pas au rendez-vous comme espérée. 75% des élèves des grandes écoles sont issus de ces milieux et il faudrait identifier dès le lycée ceux qui sont susceptibles d’y entrer, HEC demande de la volonté et du talent, l’ESSEC propose de l’apprentissage gratuit. Accepter aussi que réussir signifie tomber et se relever mais un chiffre à méditer : 75% de personnes estiment être méritantes ! Un constat, le travail est aliénant mais on peut le partager. Pour Aristote, une bonne société ne peut donner à chacun le pouvoir mais incite à le partager avec ceux qui ont des compétences.
Comment réussir ?
Les jeunes ont intégré la notion de mérite. Mais à l’école où ils ne bénéficient pas toujours du soutien des enseignants, ils comprennent vite que l’énergie du travail n’est pas suffisante pour avancer. Un sur deux pense au poids des réseaux et dans les choix des élèves, on trouve parmi les professions importantes, pompier, infirmière, devant médecin et policier, et chef d’entreprise arrive en dernier. On le sait, l’université n’est pas corrélée au monde du travail, il faut donc, dans les entreprises, accentuer la diversité des personnels, les progressions en interne, privilégier l’innovation et recruter sur des compétences spécifiques.
Des idées à développer, la formation tout au long de la vie, les écoles de la seconde chance, redémarrer l’ascenseur social qui est en panne, le mentorat pour aider les jeunes recrues, l’importance des stages et de l’apprentissage, augmenter les bourses, les emplois de demain sont encore à inventer et le seul concours à réussir, c’est le concours de circonstances !
Vicky Sommet