Sleep divorce

0

De plus en plus de couples, notamment à l’âge senior, car il faut avoir les moyens ou attendre qu’un enfant libère une chambre, décident de pratiquer le « sleep divorce » pour reprendre une expression anglo-saxonne. Alors, faut-il faire chambre à part ou non ?

En France, ils sont 10% à faire chambre à part, tandis que 6% y pensent mais n’osent franchir le pas et enfreindre le sacro-saint « on s’aime donc on dort ensemble ». Ça fait envie, mais c’est mal vu… La raison de ce désir de séparation des corps ? Horaires décalés, ronflements, insomnies, sommeil fragile ou déréglé… « Le lit est tout le mariage », disait Balzac. Oui, mais dans le lit il y a l’amour, mais aussi le sacro-saint sommeil ! « Le couple est fondé sur une contradiction, on veut la tendresse à deux, mais des moments à soi », dit Jean-Claude Kaufman, sociologue, lors d’une récente émission consacrée au sujet sur France Inter¹. « Chacun essaye d’élargir l’espace de son bien-être individuel », ce qui vient remettre en question la notion de chambre à coucher et de lit partagés.

« Nous sommes dans une société mentalement très destructrice où nous avons besoin plus que jamais du repos pour reconstituer nos forces. »

Mais attention, car faire chambre à part peut être source d’éloignement. « Dormir ensemble a des avantages », dit le Docteur Patrick Lemoine, psychiatre, spécialiste du sommeil. « Se toucher, se frotter, provoque la fabrication d’hormones ocytocines, hormones de l’attachement, de l’amour, de la fidélité. » Mais pourquoi mal dormir ensemble ? Dans ce cas, il prescrit aux patients qui viennent le consulter pour des problèmes de sommeil la chambre à part, si c’est possible matériellement pour eux. Mais attention là aussi, dormir séparément nécessite de réinventer son couple, trouver une nouvelle dynamique, de nouveaux rituels de rencontre, se fixer des rendez-vous, retrouver des mécanismes de séduction. Et lorsque cela n’est matériellement pas possible de changer de chambre, pourquoi ne pas opter pour le lit à part ? Deux sommiers, deux matelas, deux couettes, afin de garder le lien tout en protégeant son sommeil et en ayant l’impression d’un « chez soi ».

Ce qui compte c’est d’arriver à en discuter, identifier si le problème est d’avoir un espace à soi ou bien de mieux dormir, pour trouver une solution à deux sans que la demande ne soit vécue par l’autre comme un rejet ou une accusation d’être celui par qui le problème arrive. Parfois des petits aménagements suffisent…

Marie-Hélène Cossé

¹Faut-il faire chambre à part – Le débat de midi animé par Camille Crosnier le 22 juillet 2022.

LIRE : Histoire de chambres de Michèle Perrot, historienne (Seuil, 2009), Aimer c’est compliqué de Lucile Bellan (Leduc, 2019), Un lit pour deux, la tendre guerre de Jean-Claude Kaufmann, sociologue (Decitre, 2015), Docteur, j’ai mal à mon sommeil de Patrick Lemoine psychiatre, spécialiste du sommeil (Odile Jabob, 2021).
VOIRPourquoi le Roi et la Reine font-is chambre à part ? (Chaîne YouTube du Château de Versailles)

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.