La métaphore est une image mentale susceptible d’exprimer des états complexes. Quand elle reflète notre monde intérieur, elle devient une métaphore personnelle. Elle est un allié précieux, un fil conducteur permettant de clarifier nos représentations, de trouver nos propres solutions et de changer tout en restant en accord avec soi.
Un peu d’histoire. Le mot provient du grec ancien « μεταφορά » (porter au-delà, transporter). La métaphore est un déplacement véhiculé par l’analogie producteur de sens, ainsi qu’un signe d’ingéniosité et de sagacité. La mythologie antique, Ésope, Platon, Ovide et, plus proche de nous, La Fontaine, l’utilisent sans modération. Dès les années 50, les thérapeutes tel Milton Erickson s’y intéressent et mettent en exergue son efficacité. Son prolongement en développement personnel est manifeste.
Intérêt scientifique de la métaphore. Différentes recherches mettent en évidence que la métaphore possède ce potentiel rare d’exploiter au mieux les ressources complémentaires des deux hémisphères et de les faire coopérer. Le langage analogique associé au fonctionnement du cerveau droit permet d’envisager des constructions nouvelles de la réalité. L’effet combinatoire cerveau droit et gauche permet ainsi de passer à la résolution de problèmes en élargissant le champ des possibles et en découpant les actions à accomplir étape par étape pour être à même d’opérer les changements désirés. Grâce à la métaphore, les deux hémisphères en interdépendance conjuguent leurs compétences respectives pour une coopération fructueuse et résolutoire.
Julie a du mal dans son milieu professionnel à collaborer avec tous.
Passionnée d’art, elle se livre spontanément au décryptage de son ressenti face aux tableaux dans un musée. Cette métaphore opère d’elle-même une transposition
et lui ouvre une compréhension nouvelle de son interaction avec ses collaborateurs.
Métaphore et prise de décision. La métaphore en opérant un détour par l’imaginaire a tendance à lever les freins conscients ou inconscients de la personne face à un problème. Chacune de nous a vécu cette expérience un jour, de se voir gratifier d’un conseil par un de ses proches.
Tu devrais dire « Non » à Aurélie qui te demande toujours de garder ses enfants le jeudi soir
et qui ne t’offre rien en retour.
Or ce conseil plaqué artificiellement sur notre situation ne nous parle absolument pas et peut même parvenir à l’effet inverse : celui de nous braquer. Passer par la métaphore laisse le choix à la personne qui ne se sent pas oppressée. L’image doit être choisie avec attention: trop éloignée du sujet, elle ne permet pas d’opérer les rapprochements nécessaires. Trop proche, elle risque d’être enfermante.
Comment ça se passe. En libérant l’inconscient, la métaphore conduit la personne à se relaxer et à lâcher prise. La personne se trouve alors plus réceptive et est dans de meilleures conditions pour retenir des informations, faire des choix. L’inconscient libéré est à même de percevoir et de déchiffrer le message ou la moralité contenue dans la métaphore.
La légende du roi Midas qui a la faculté de transformer tout ce qu’il touche en or
peut s’avérer intéressante pour faire prendre conscience
qu’on peut avoir « trop » d’une bonne chose.
À partir de cette étape, il est alors possible de travailler sur les valeurs fondamentales et sur la définition d’un objectif atteignable et réaliste. La personne est capable d’envisager plusieurs solutions, de gérer des priorités, de prendre des décisions qui sont fondamentales pour elle et qui orientent sa carrière et sa vie.
Métaphore et recherche de solution. Par les métaphores auxquelles nous recourons spontanément, nous dévoilons notre appartenance culturelle à la fois collective et personnelle. Enserrées dans notre problématique, nous pouvons exprimer par une analogie la complexité de la difficulté à laquelle nous sommes confrontées.
Une telle évoquera pour qualifier son problème l’image du tunnel,
une autre emploiera un vocabulaire guerrier pour qualifier son environnement professionnel.
Ce détour par l’imaginaire, en opérant une distanciation, permet au cerveau gauche et droit de se réconcilier et de collaborer avec efficacité et complémentarité. La métaphore ainsi offerte est une opportunité pour explorer et pour débloquer le problème rencontré.
Alors n’hésitez pas à faire un petit détour par la métaphore pour libérer votre créativité et pour prendre du recul quand bon vous semble. À consommer sans modération !
Sophie Muffang
Executive coach @ SMC2
sophiemuffang@executivecoach.im
Site : smc2.org