L’EMDR¹ est créée en 1987 à San Francisco par Francine Shapiro, psychologue clinicienne atteinte d’un cancer. Anxieuse, elle se promène dans un parc, lève les yeux au ciel pour regarder un vol d’oiseaux et réalise qu’en les suivant de droite à gauche son angoisse disparaît et qu’elle se sent apaisée. Elle étudiera alors les effets du balayage oculaire déjà utilisé en hypnose.
Une approche post-traumatique
Utilisée au départ avec les vétérans de la guerre du Vietnam en cas de traumatisme persistant, cette thérapie qui utilise la stimulation sensorielle bilatérale alternée par les mouvements des yeux, des stimuli auditifs et des tapotements (tapping) sur les genoux, s’est élargie aux problèmes du quotidien : les divorces, deuils, agressions, viols et certaines phobies. Formée par David Servan-Schreiber à l’EMDR, l’écoute de Martine Gercault² demeure analytique pour ne pas seulement demeurer dans l’ici et maintenant. Afin d’éradiquer la charge traumatique du trauma, il convient de le revisiter dans un cadre thérapeutique sécurisant.
« On la pratique après les actes terroristes, encore faut-il attendre que le patient ne soit plus en état de choc, car ce serait trop violent pour lui. Cette thérapie consiste à ré-affronter l’expérience douloureuse, la revivre, tout en sachant qu’elle est terminée. On ne fait que revisiter le souvenir. » Martine Gercault
Le temps fait son œuvre
Une patiente, rédactrice en chef d’un grand journal était toujours paniquée quand elle remettait ses articles au directeur du journal. « Le souvenir de son père la hantait et l’accablait. Professeur de lettres, celui-ci n’admettait pas que sa fille rende des dissertations avec une note inférieure à 16, et la traitait de nulle. Le directeur représentait la toute-puissance du père et la sentence. Nous avons pris comme « cible » ce souvenir, avec comme croyance négative « Je ne sais pas écrire ». Son niveau de stress à l’évocation de ce souvenir était à son maximum, 8 sur 9. Nous avons travaillé à le faire baisser par des mouvements oculaires afin de désensibiliser la charge traumatique de ce souvenir. Une fois le stress arrivé à zéro, on installa la croyance positive, « Je suis une journaliste de talent ». Elle retrouva le plaisir d’écrire et la confiance en elle ! ».
« À chaque thérapeute d’utiliser avec art cette approche pour permettre aux traumatismes de s’effacer. Cependant, rien n’est gagné d’avance. Le temps est nécessaire à la résorption des symptômes. » Martine Gercault
Faire disparaître la charge traumatique, installer une croyance positive et donner du temps au temps sont les fondements majeurs de l’EMDR… Hors tout effet magique !
Vicky Sommet
¹Eye-Movement Desensitization and Reprocessing ou Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires.
²Martine Gercault, psychologue clinicienne, psychanalyste, psychothérapeute, art-thérapeute et peintre, spécialisée dans les états non-ordinaires de conscience. www.psyemergence.com
« Quand j’étais enfant, je souhaitais être guérisseuse. J’ai tout d’abord fait des études de lettres et quand la psychologie clinique fut enseignée à l’université, j‘ai suivi le cursus, abordant ces études dans une joie intérieure extraordinaire. Parallèlement, j’ai suivi une psychanalyse, et devenue psychanalyste, je suis partie aux États-Unis me former à la respiration holotropique, aux thérapies corporelles et émotionnelles, à la thérapie chamanique, pour offrir d’autres approches au patient selon ses besoins, une méthode intégrative et plurielle ».