La peau est à la fois une protection et un lien avec le monde extérieur. C’est par elle que nous sommes en contact avec les sensations et enregistrons des informations. Elle est notre sonnette d’alarme. Muriel Altmann, ethnologue et hypnothérapeute, a écouté des femmes lui parler de leur peau et nous en livre son langage.
La peau est le reflet de notre personnalité
« Une femme qui a une « peau parchemin » nous indique qu’elle veut rester authentique, qu’elle la perçoit comme une feuille sur laquelle s’inscrivent les évènements de sa vie et le temps qui passe ». La peau est notre mémoire, elle contient les organes, nous protège des agressions extérieures, sert à la fois de barrière et d’écran et exprime nos émotions. D’une part, les vêtements, le maquillage, crèmes, fonds de teint sont des accessoires qui constituent une enveloppe pour notre peau et d’autre part, les réactions cutanées, rougeurs, acné, psoriasis expriment nos émotions ou sont les témoins de transmissions héréditaires, ce que Muriel appelle « des racines émotionnelles ». La fragilité de l’une sera compensée par une « peau armure », avec un maquillage carapace, tandis qu’une autre fera appel à la chirurgie esthétique pour se rassurer avec un masque artificiel qui fige ses traits. « Peau miroir », « peau cocon », « peau révélatrice », « peau énergétique » ou bien « peau précieuse », diverses manières de dire ou de sous-entendre « Je suis bien dans ma peau », « Je suis mal dans ma peau » ou « Je suis à fleur de peau ».
La peau, un vecteur de l’hypnose
Le toucher de la peau est essentiel pour la structuration du nouveau-né qui prend conscience de lui-même et des limites de son corps. Le baiser peau à peau, les caresses, les massages lui donnent des éléments pour sa feuille de route, son cheminement de vie. « Par la peau, on va à l’inconscient, en hypnose, on cherche à relier l’inconscient. Une manière de venir en aide à des personnes qui ont des problèmes cutanés mais aussi émotionnels ou sensoriels. « Par l’hypnose », dit encore Muriel Altmann, « on touche par les mots, la voix, un enveloppement de tout le corps qui a des résonances chez le patient ».
Et plus encore avec l’autohypnose
Une personne entre en état d’autohypnose parce qu’elle accepte de modifier son état de conscience. Elle se concentre sur elle-même, laisse son imaginaire l’envahir grâce au langage symbolique et métaphorique qui communique aussi bien au corps qu’à l’esprit. Cette méthode dite « ericksonienne » induit un état de légère modification de la conscience dans lequel le patient peut orienter son attention. Cette technique, créée par le psychiatre et psychologue américain Milton H.Erickson, est réputée pour son action sur l’angoisse et les dépendances. Son approche innovante en psychothérapie repose sur la conviction que le patient possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu’il rencontre. Atteint de poliomyélite à l’âge de 17 ans, Erickson a été une figure emblématique du « guérisseur blessé », expérimentant sur lui-même certains phénomènes qu’il a mis ensuite en application dans l’hypnose thérapeutique.
Un livre miroir
Reprendre confiance en soi, cicatriser des blessures intérieures, diminuer les douleurs, se détendre, se détoxiquer, le rapport au corps et à l’inconscient permet d’atteindre ces états améliorés. « Dans mon cabinet, je m’étais aperçue que lorsque les personnes parlaient de leur peau, elles parlaient d’elles-mêmes sans s’en rendre compte. On peut vivre sourd, aveugle, perdre d’autres sens comme l’odorat, mais on ne peut vivre sans sa peau ». Muriel Altmann a écouté 27 femmes, des praticiens et des scientifiques pour en dégager ces sept profils psycho-affectifs qui lui ont permis de décrypter le langage de la peau. Avec l’autohypnose, elle a mis au point des protocoles et une méthode simple de bien-être global et a positionné ces exercices comme de nouveaux rituels de beauté.
Vicky Sommet
Bien dans sa peau de Muriel Altmann (Éditions Payot). Son site.