Tout se joue… dans l’intestin

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Tout le monde s’arrache le livre que Giulia Enders¹, jeune doctorante en médecine allemande, a sorti en France sur le rôle prédominant de celui qu’on appelle dorénavant notre « deuxième cerveau » : l’intestin. Voici en résumé, quelques règles concrètes en faveur d’une digestion réussie issues de cet ouvrage brillant qui fait parfois rire aux éclats.

L’influence de l’intestin sur le cerveau. Il est en bonne voie d’être prouvé aujourd’hui que l’intestin peut avoir une influence sur le comportement et qu’il peut être générateur de dépression quand il est irrité. Règle numéro 1 pour le garder en forme: pas de stress ni de tensions pendant nos repas. La sérotonine, l’hormone de la bonne humeur, est fabriquée pour 95% dans l’intestin. Pour l’auteur, les patients atteints de dépression devraient d’abord être interrogés sur le fonctionnement de leur organe avant de se faire prescrire des anti-dépresseurs. Toute personne souffrant d’états anxieux ou dépressifs devrait garder à l’esprit qu’un ventre mal en point peut aussi être à l’origine de ses humeurs noires.

L’art de bien déféquer. Giulia Enders rappelle qu’il s’agit d’un véritable tour de force, l’homme étant le seul animal à faire ses besoins aussi convenablement… c’est-à-dire quand le bon moment est là, ainsi que le bon endroit. Nos deux sphincters, ces ingénieux mécanismes de fermeture, commandent l’opération et doivent travailler ensemble. Or bien souvent, alors que le sphincter interne envoie à l’externe le message que les résidus de notre digestion sont prêts à être livrés au dehors, l’externe prenant la mesure de l’environnement décide que ce n’est pas possible et se ferme (« Bon alors, j’ai inspecté le terrain, on est dans le salon de la Tante Hélène, un petit pet passe encore si tu le laisses sortir discrètement, pour ce qui est du solide, il va falloir attendre »). Mais attention car en nous interdisant d’aller aux toilettes quand le besoin s’en fait sentir, nous risquons de démotiver et rendre paresseux notre sphincter interne et avec lui les muscles qui l’entourent….

Tout autant que celui d’être en selle, la jeune médecin nous rappelle que compte tenu de la forme de l’intestin, la sortie de secours de notre système digestif n’est pas conçue pour s’ouvrir tant que nous sommes debout ou assis. Nous devrions être… accroupis. L’art de trôner sur une cuvette remontant au 18e siècle serait donc une hérésie propre à favoriser… hémorroïdes et diverticules. La meilleure position consisterait donc à nous installer sur le trône en posant les pieds sur un petit tabouret bas et en penchant légèrement le buste en avant. Les angles retrouvent leur valeur optimale et le résultat est paraît-il garanti.

Halte au grignotage. L’intestin grêle, maniaque de la propreté, une heure après avoir digéré ce que lui a envoyé l’estomac, lance entre deux cycles digestifs un programme autonettoyant (ce sont ces bruits que nous entendons en pensant que c’est notre estomac qui gargouille…). Quand on grignote sans arrêt, les coups de balai se font plus rares, d’où les conseils des nutritionnistes d’attendre cinq heures entre deux repas. Utile aussi de rappeler qu’en mâchant bien les aliments, la tâche de la petite fée du logis est simplifiée.

Le coup du bcpmc.  Si 15 à 35% des français y sont sujets, tout le monde connait bien celle rencontrée en voyage. En effet, pour l’appareil digestif l’habitude est une seconde nature : il sait ce que nous aimons manger, quand, la fréquence de notre activité physique, la quantité d’eau que nous buvons, à quel moment nous allons aux toilettes, etc. Quand nous voyageons, nos tripes ne sont pas prévenues et bien souvent nous leur faisons le coup du bcpmc « berk c’est pas ma cuvette« . Comment les aider ? Mettre au menu fibres alimentaires ou pruneaux (attention deux à trois jours sont nécessaires pour profiter de leur effet), boire beaucoup, aller aux toilettes quand on en a besoin, recourir aux prébiotiques ou probiotiques (deux grands chapitres y sont consacrés). Gare aux laxatifs…

À suivre dans notre deuxième article : allergies et intolérances, nos bactéries, la propreté, l’usage des prébiotiques et probiotiques…

Marie-Hélène Cossé

¹Le charme discret de l’intestin, Giulia Enders, Éditions Actes Sud, avril 2015 (350 pages, €21,80).

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