Ai Weiwei : l’art de provoquer

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Plasticien, architecte (il a participé à la construction du stade « nid d’oiseau » pour les JO de Pékin), photographe, blogger, Ai Weiwei est à Londres pour la rétrospective que lui consacre la Royal Academy puisqu’il a récupéré son passeport confisqué par les autorités chinoises. Artiste prolifique mêlant étroitement travail et engagement politique, figure de l’art contemporain chinois, il en est LE dissident phare. 

Un art politique. L’engagement d’Ai Weiwei dans les mouvements civiquesMarble. 39.2 x 39.8 x 19 cm. Courtesy of Ai Weiwei Studio. Image courtesy Ai Weiwei Studio. © Ai Weiwe remonte à 2008 quand un tremblement de terre ravage le Sichuan. Les écoles s’écroulent sur les élèves faisant des milliers de morts. Les normes de construction n’ont pas été respectées. Avec la complicité des autorités locales, les entrepreneurs ont détourné les budgets à leur profit en économisant sur la qualité des matériaux. Avec son équipe et l’aide de volontaires, Ai Weiwei se rend sur place, photographie et filme les décombres, achète les poutrelles métalliques des bâtiments effondrés et en fait une œuvre mémorielle Straight. Elle côtoie la liste des écoliers disparus qu’il lui a fallu établir car il n’en n’existe pas d’officielle. Ce travail au Sichuan finira par le conduire en prison, expérience qui lui inspire de nombreuses créations : menottes et caméras de surveillance en marbre, reconstitution de sa vie en cellule en 3 D, photos, papiers peints. Ai Weiwei conclut par Finger, un doigt d’honneur décliné sur de multiples supports. Je doute que le président chinois, ces jours-ci à Londres, visite l’exposition…


Que faut-il conserver ? Que faut-il détruire ? 
Ai Weiwei interroge la Chine sur ce qu’elle fait de son ©Ai Weiwei-histoire et de la nature. Il ramasse ce qui est détruit dans l’indifférence générale (les troncs d’arbres de forêts rasées, les poutres sculptées de vieux temples démolis) et en tire de nouveaux objets poétiques. Au passage, il rend hommage au savoir-faire magnifique et ancestral des artisans chinois. Il ne vénère pas pour autant tout ce qui est ancien mais interroge : qu’admire-t-on vraiment dans les objets d’art, qu’il soient beaux ou qu’ils soient vieux ? Pour obtenir la réponse, l’artiste utilise un traitement choc : des poteries remontant parfois au néolithique sont repeintes, transformées en supports publicitaires ou tout bonnement détruites et leur poussière mise en pots.

Les puristes auront quelques sueurs froides et les autres seront sensibles à la poésie de nombreuses pièces et à l’intelligence de cette œuvre.

Isabelle Haynes
Mid&Londres

Jusqu’au 13 décembre 2015, Royal AcademyBurlington House, Piccadilly, London W1J 0BD, métro Green Park. Vente de tickets en ligne.
Suivre AI Weiwei sur Twitter: @aiww_en
Never sorry  trailer du film sur You Tube.

 

 

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