Aurore, un film pétillant de vie !

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Rien que l’affiche ravit déjà, pas photoshopée pour deux sous. Agnès Jaoui rayonnante, un vrai bonheur. Et le film est à l’image de l’affiche et de sa bande-annonce, à la fois pétillant, émouvant, drôle et surtout authentique, réconfortant.

Danser et chanter sa vie. Aurore vit à La Rochelle avec ses deux filles, séparée de leur père quand toute sa ie s’embrouille : avec la cinquantaine, arrivent la ménopause – qui devient enfin hilarante !-  un licenciement et cherry on the cake, l’annonce d’être… grand-mère. Moment où son premier amour croise son chemin. L’occasion pour la réalisatrice, Blandine Lenoir, d’emmener les spectateurs, en un peu moins de 9 mois, dans un voyage au cœur de la vie, où on passe du rire aux larmes et vice-versa en une joyeuse et salutaire alternance. Rythmée par une musique aux pouvoirs évocateurs et consolateurs, donnant des séquences totalement magiques d’Aurore dansant joyeusement sa tristesse dans son salon ou chantant Carmen. C’est plus que le prix d’interprétation qu’on a envie de décerner à Agnès Jaoui, c’est celui de l’incarnation féminine. Bravo et merci !

Vieillir ? Même pas peur ! Car Aurore, à l’image d’Agnès Jaoui dans la vraie vie, ne se laisse pas abattre. Touchée par les épreuves, elle prend sa vie en main. Et reste positive, naturellement réceptive aux forces de la vie, celles qui viennent avec la maternité et celles que nous transmettent les femmes au-delà du « retour d’âge », avec une séquence émouvante dans une anti-maison de  retraite, où Iro Bardis, plus vraie que nature, a accepté une participation avant de rejoindre, comme Thérèse Clerc¹, d’autres cieux. L’apparition de Françoise Héritier², dans la lucarne du petit écran, nous rappelle que l’inégalité entre l’homme et la femme est une pure construction intellectuelle, dont la déconstruction nous appartient à tous.

Il y a une vie (joyeuse) après la cinquantaine ! Féminins ou masculins, tous les personnages sont traités avec la même bienveillance, souvent espiègle. C’est d’ailleurs ce qui touchent les spectatrices comme les spectateurs, grâce à une réalisatrice qui a su filmer les visages autant que les corps, dans ce qu’ils disent souvent de façon plus lumineuse que les mots (même si certaines répliques sont appelées à devenir cultes, comme celles à Pôle Emploi !).

La grande famille avec laquelle Blandine Lenoir travaille depuis longtemps participe à l’atmosphère profondément fraternelle (pourquoi n’y a-t-il pas de mot avec sœur ???) du film, humaniste et solidaire. Dont on sort le baume au cœur, prête à assumer son âge et sa générosité de hanches qui, avec une jupe en cuir noir (ou simili), devient un atout. Félicitations à Blandine Lenoir et sa costumière, Marie Le Garrec, d’avoir su convaincre Agnès Jaoui d’oser une garde-robe moulante et seyante, pour mettre en valeur Aurore, « qui se tient droite, à l’écoute des autres ». Et parvient à s’autoriser à être de nouveau amoureuse grâce à sa dignité retrouvée. Que vous ayez peur de vieillir, d’être seule et/ou devenir Grand’Ma, le meilleur antidote, c’est Aurore, à aller voir sans modération seule ou accompagnée avec vos enfants, parents ou moitiés !

Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres

¹Fondatrice de la Maison des Babayagas, béguinage contemporain.
²Anthropologue, ethnologue et féministe française. Voir vidéo.

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