À une demi-heure de Paris, à Yerres (Essonne), une escapade verte et artistique, dans les pas du peintre impressionniste Gustave Caillebotte qui y avait posé, quelques temps, pinceaux et appareil photo dans le cadre romantique d’une villa de style néo-classique.
Une propriété inspirante
Du XVe siècle, alors fief de Narelles à aujourd’hui, propriété de la ville de Yerres, cette maison bourgeoise a connu de nombreuses vies. C’est le restaurateur Pierre-Frédéric Borrel, propriétaire du célèbre Rocher de Cancale, qui lui attribuera en 1824 ses atours de villa néo-classique avec ses colonnes palladiennes et son fronton grec et qui lui allouera son parc de 12 hectares dessiné à l’anglaise. Puis, les clés de la maison passèrent entre plusieurs mains. Martial Caillebotte, père du peintre, en fit l’acquisition en 1860 comme lieu familial de villégiature lui apportant quelques modestes aménagements.
Depuis 1995, après de longues années de rénovation, la municipalité en collaboration avec le Mobilier national lui a redonné son lustre d’antan. Entre décors surannés aux odeurs d’encaustique et outils pédagogiques modernes c’est l’esprit du peintre Caillebotte et de l’art de vivre de la bourgeoisie du XIXe qui sont ressuscités.
Voyage autour du parc
La particularité du parc réside en la présence de « fabriques »* qui le jalonnent et qui invitent au voyage : le kiosque oriental, la glacière pour conserver les légumes du potager, l’orangerie, le banc couvert japonisant, le chalet suisse qui abritait la laiterie, l’exèdre grec, la chaumière pour ranger les outils ainsi que la chapelle romano-gothique. Un majestueux cèdre du Liban de 45 mètres de hauteur -sans doute planté par la famille Caillebotte- domine entouré d’autres essences d’arbres remarquables (platanes, gingkos, chênes bicentenaires…). Le potager entretenu par une association ouvre ses portes selon les saisons.
Gustave Caillebotte, un homme complet
Au gré de la visite des différentes pièces de la maison, le profil d’un homme aux multiples talents, à la curiosité insatiable et d’une grande générosité se dessine. Sportif, Caillebotte aimait la baignade, le canotage mais aussi l’architecture navale (il posséda plusieurs bateaux de courses), l’horticulture, la philatélie, la musique et les faïences anciennes. Protecteur de ses amis artistes (Renoir, Pissaro, Manet…), il fût mécène et grand collectionneur. Altruiste, il aida aussi son frère Alfred, curé de Notre-Dame-de-Lorette, qui avait consacré sa vie aux plus démunis. L’ambiance du lieu, les allées fleuries, les loisirs au bord de la rivière furent pour l’artiste de puissantes sources d’inspiration.
Quittant son atelier, avec la frustration de ne pas avoir vu des œuvres originales in situ, on se consolera vite en filant au Musée d’Orsay portant un regard nouveau sur Les raboteurs de parquet ou sur Toits sous la neige.
Christine Fleurot
* constructions de forme pittoresque, placées dans les scènes d’un jardin paysager.
Une journée à Yerres :
– Propriété Caillebotte – 8 Rue de Concy, – 91330 – Yerres
Exposition Markus Lüpertz jusqu’au 8 septembre 2019
Sculptures dans le parc et peintures à la Ferme Ornée.
– Visite de la ville : 5 circuits pédestres entre bords de rivières, patrimoine et histoire.
– Promenade en barque ou canoë.
– Pause gourmande : Bird – 38 rue Charles de Gaulle- 91330 Yerres – Tél: 01.79.93.28.81.