Avant d’entrer au Palais Galliera se trouve la rue Maria Brignole. Mon attention ne fait qu’un tour. Quel est donc ce nom qui sonne à la fois populaire et méditerranéen et pourquoi une rue à cet endroit adjacent au musée ?
Style beaux-arts
En fait, notre Maria s’appelait Maria Brignole Sale, duchesse de Galliera. Italienne, décédée à Paris en 1888, elle possédait une immense fortune et vivait sur un grand pied, l’hôtel Matignon lui a notamment appartenu. Elle fut également une grande philanthrope et fit construire ce palais dont la structure métallique, la ferronnerie, la galerie centrale et les deux galeries latérales sont dues aux ateliers Gustave Eiffel. Implanté au cœur d’un jardin, le palais présente une esthétique très populaire au 19e siècle, connue sous l’appellation de « style Beaux- Arts », qui alliait, avec plus ou moins de bonheur, plusieurs tendances architecturales. Ici c’est l’inspiration Renaissance qui domine. Le Palais atterrit dans l’escarcelle de la ville de Paris à la suite d’une fâcherie de la duchesse avec l’État français. Il abrite depuis 1977 le musée Galliera ou Musée de la Mode. Pour son exposition « Une histoire de la mode. Collectionner, exposer au Palais Galliera », il retrace sa propre histoire, aussi hétérogène que celle de ses collections, et je dirais parfois un « chouilla » grandiloquente.
Sous toutes les coutures
Y avait-il meilleur lieu que ce temple de l’éclectisme pour abriter des robes en soie du 18e siècle, les corps libérés des années 1910, les silhouettes « spectacle » de Mugler à Montana ou l’exposition « Love brings love » en hommage à Alber Elbaz ? Le musée de la mode parisien donne à voir trois siècles de vêtements qui disent la créativité française et le rapport au corps. L’exposition qui dure jusqu’à fin juin 2022 nous emmène dans un tourbillon de broderies, de plumes, de pierres semi-précieuses et de volants. C’est un parcours croisé que nous propose ici le Palais Galliera, à la fois une plongée dans l’histoire de la mode de 1700 à nos jours et dans sa propre histoire où comment le don de la Société de l’histoire du costume en 1920 posera les fondements de ce qui deviendra le Musée de la mode de Paris. Et ne manquez pas ses nouvelles galeries (galerie est bien le terme qui convient puisqu’on a un peu l’impression de descendre à la mine, mais il est vrai aussi que ces collections ont besoin d’obscurité pour leur mise en valeur et conservation).
Évolution ou révolution
Dans cette atmosphère tamisée, on contextualise, on met en en relation des faits avec des circonstances historiques et sociales. Qu’il s’agisse du film performance (vraiment ?) intitulé « The Impossible Wardrobe (2012) où l’étrange Tilda Swinton défile (style orange mécanique) sur un podium avec une sélection de vêtements choisis parmi les chefs-d’œuvre des collections du Palais Galliera, une ode aux garde-robes impossibles qui élèvent la couture à une forme d’art véritable et parfois… bizarre. Et puis, il y a cette robe à paniers-pantalon que vous trouverez dès l’entrée créée par la styliste japonaise de « Comme des garçons » importable et tellement sibylline… Le 18e siècle revisité !
Ne manquez pas ensuite d’aller prendre un thé et vous reposer dans le magnifique jardin de la duchesse.
Anne-Marie Chust
« Une histoire de la mode. Collectionner, exposer au Palais Galliera » Musée de la mode de la ville de Paris, 10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75016 Paris. Jusqu’au 26 juin.