Vous connaissez le « Baiser de l’Hôtel de Ville », les Parisiennes et les bals populaires de Robert Doisneau. Mais savez-vous qu’il a mis sur papier glacé le Tout-Paris mondain pour le magazine Vogue ? ne exposition en noir et blanc en témoigne pour parler avec tendresse d’une époque révolue.
L’autre Doisneau. Le Doisneau « parigot » nous a enchantés et nous enchante encore avec ses photos qui retracent la vie des quartiers ouvriers, les marchés, les banlieues et les étals de rue. Mais cet artiste a un jour jeté un autre regard, à la demande du magazine Vogue avec un contrat d’exclusivité de trois ans, sur la mode, les beaux quartiers et les célébrités qui avaient un nom dans les années 50. Robert Doisneau, qui avouait être étranger à ce monde du luxe, sans être de « la haute », a produit des images peu connues mais où son style si personnel est omniprésent. Ses filles, Annette et Francine, les gardiennes du temple qui gèrent le patrimoine familial avec l’Atelier Doisneau, ont choisi parmi 500.000 négatifs, ceux qui figurent dans cette exposition. C’est à une plongée dans les années d’après-guerre auxquelles vous convient ces images, réalisées avec un regard humble et attentionné, parfois naïf, mais toujours élégant, peu importe le sujet, l’ouvrier ou la comtesse en robe du soir. L’exposition s’accompagne de la diffusion du documentaire Robert Doisneau, le révolté du merveilleux, écrit et réalisé par Clémentine Deroudille, sa petite-fille, et de la sortie d’un beau livre enrichi de plus de 300 illustrations Robert Doisneau. Les Années Vogue.
Robert Doisneau, les Années Vogue jusqu’au 28 mai 2017 à l’Espace Richaud, 78 Boulevard de la Reine, 78000 Versailles.
Fermes, prairies, vergers, le village d’Éragny-sur-Epte dans le Vexin français est le port d’attache du peintre Camille Pissarro, lui qui est né à Saint-Thomas dans les Antilles danoises. Arrivé en France en 1855, c’est à la campagne qu’il se fixera, trouvera son inspiration et travaillera dur à l’égal des paysans.
L’homme et la nature. Elle est omniprésente dans les paysages qui entourent sa maison, acquise grâce à un prêt de Claude Monet son ami. Il emménage au printemps et s’éprend tout de suite profondément de cette campagne où il se sent libre, libre d’observer, de créer et de profiter des éclairages et des changements de saison qui lui offrent matière à peindre chaque jour de l’année. D’où une exposition un peu déroutante intitulée Pissarro à Éragny – La nature retrouvée. Déroutante parce que de nombreuses toiles montrent le même environnement pris sous différents angles, l’escalier de sa maison, la vue de la fenêtre, le potager, le clocher de l’église, les champs alentours, tout est montré et encore montré jusqu’à ce que le visiteur éprouve une certaine lassitude à cette impression de déjà vu lorsqu’on se promène d’une œuvre à l’autre.
Impression et néo-impressionnisme. Pissarro était un homme en perpétuelle recherche de nouvelles idées. Il s’essaiera à l’aquarelle de manière très habile, à la plume en illustrant un album se référant à l’anarchie, à la gouache, au pastel ainsi qu’à l’eau-forte et à la gravure. Avec ses enfants basés en Angleterre, il participera à une maison d’édition, Eragny Press, qui publiera Flaubert, François Villon ou Charles Perrault. Et il se considèrera plus que jamais comme le seul véritable impressionniste ! Je laisse le mot de la fin à son ami Octave Mirbeau : « Peu de paysagistes ont, comme lui, le sentiment juste, sain et superbe des choses agrestes. Il rend l’odeur, à la fois reposante et puissante de la terre ».
Vicky Sommet
Pissarro à Éragny – La nature retrouvée – Musée du Luxembourg jusqu’au 9 juillet 2017.
À compléter par une visite au Musée Marmottan-Monet pour l’exposition Camille Pissarro, le premier des impressionnistes jusqu’au 2 juillet 2017.