Une médiathèque à son nom, une exposition-photo et un prix littéraire, en ce printemps flotte un parfum Sagan sur la vie culturelle parisienne.
La Médiathèque Françoise Sagan, oasis de culture
Loin de l’esprit germanopratin, en plein cœur du Xe arrondissement, entre la très bobo rue de Paradis et l’effervescence populaire de la Gare de l’Est, a été inaugurée en mai la Médiathèque Françoise Sagan. Ce splendide édifice rénové baptisé jadis, le Carré Saint-Lazare, existe depuis le XIIe siècle. Léproserie puis Congrégation de la Mission de Saint-Vincent-de-Paul, il fût transformé en lieu de détention sous la Révolution, puis en prison-hôpital pour femmes au début du XIXe siècle. Le bâtiment actuel est ce qui reste de l’hôpital érigé par Louis-Pierre Baltard. Les architectes ont privilégié la sobriété et le blanc immaculé quasi clinique : une invitation au silence et à la concentration. La cour intérieure transformée en jardin s’inspire des cloîtres méditerranéens avec arcades, palmiers, arbustes et herbacées. Une oasis dépaysante au beau milieu d’un quartier en cours de réhabilitation !
4 300 m², dont 2 600 sont ouverts au public répartis sur 4 niveaux. Un magnifique espace Jeunesse étoffé par le fonds patrimonial Heure Joyeuse permet de consulter des œuvres littéraires pour enfants du XVIe à nos jours. BD, art, DVD, disques, romans, journaux sont disponibles à l’emprunt ou à la consultation.
À l’occasion de l’ouverture de ce lieu de culture, la programmation est aux couleurs des années 60 : nouvelle vague (Agnès Varda, François Truffaut…), nouveau roman (Marguerite Duras, Nathalie Sarraute…), mouvement yéyé, émissions télé de l’époque (Belle et Sébastien, Âge tendre et tête de bois… ) ou magazines (Pomme d’Api, Actuel…) sont mis en exergue.
Une exposition pudique
Denis Westhoff, fils de Françoise Sagan, s’est plongé dans ses archives et souvenirs personnels ainsi que dans plusieurs fonds photographiques dont celui de Roger-Viollet et de France-Soir et a exhumé de nombreux documents inédits retraçant principalement la vie artistique et littéraire de sa mère. Pudiquement, il a visiblement gommé l’aspect rebelle et parfois sulfureux de l’auteur anti-conformiste. Joliment présentée comme treize grandes doubles pages d’un journal qu’on déplierait, on y croise les visages de la garde rapprochée de Françoise Sagan : Juliette Gréco, Mélina Mercouri, Bernard Frank, Jacques Chazot… Une exposition loin de l’esprit paparazzi et qui nous relie essentiellement à l’écriture de Sagan de Bonjour Tristesse à Derrière l’épaule.
« Écrire est la seule vérification que j’aie de moi-même. C’est là, à mes yeux, le seul signe actif que j’existe et la seule chose qui me soit possible de faire. » Françoise Sagan.
Le prix Françoise Sagan
Le Prix Françoise Sagan est un prix littéraire, créé en 2010, qui récompense une œuvre romanesque, fiction en langue française, roman ou nouvelle de l’année n’ayant pas reçu de distinction particulière. Le jury composé de Denis Westhoff son fils, de journalistes et de personnalités du monde de l’édition a délibéré cette semaine et a couronné Vincent Almendros avec son roman Un Été (Minuit). www.francoisesagan.fr/6.aspx?sr=3
Trois jolis rendez-vous avec celle que François Mauriac qualifiait avec affection de « charmant petit monstre ».
Christine Fleurot
Exposition jusqu’au 30 septembre 2015 à la Médiathèque -Entrée libre.
MÉDIATHEQUE FRANÇOISE SAGAN- 8 rue Léon Schwartzenberg 75010 Paris-Carré historique du clos Saint-Lazare, square Alban Satragne.
Horaires réguliers : Lundi Fermé- Mardi de 13h00 à 19h00- Mercredi de 10h00 à 19h00- Jeudi de 13h00 à 19h00- Vendredi de 13h00 à 19h00 Samedi de 10h00 à 18h00 -Dimanche de 13h00 à 18h00.