Un livre qui invite ses lecteurs à partir en voyage, c’est enthousiasmant, mais un recueil qui les convie à rencontrer des femmes connues ou inconnues, c’est la découverte d’un étrange pays, le monde féminin, intime et secret, qui s’étire au-delà des époques, des frontières, des mythes et où amour, sensualité et engagement sont la base de leur histoire personnelle.
La moitié de l’humanité
De la lettre A comme Amitié ou Amour jusqu’à S comme Sexe, cette liste de sentiments nous amène à réfléchir sur ce qui nous constitue en tant que femme. « Le sexe tel que nous le connaissons, tel que nous le comprenons, n’a été inventé qu’au XIIIème siècle… La femme avec ses organes spécifiques n’était qu’une forme de mâle inférieur. Comprendre qu’il y avait deux sexes et l’intégrer dans nos mentalités fut un apprentissage long et difficile. »
Femmes de renom
D’Hannah Arendt à Françoise Héritier, les vies des femmes connues sont souvent des romans. Pour Hannah, c’est une déception amoureuse avec son maître Heidegger qui la mènera vers un des meilleurs élèves qu’elle côtoie et la fera adopter la cause sioniste alors que le maître se ralliera au nazisme. Pour Françoise, « J’ai compris grâce à elle qu’on pouvait être à la fois intello et drôle, modeste et intello, intello et généreuse ». Cette anthropologue qui étudiera entre autres, la valeur différentielle des sexes, confirmera que le féminin possède le redoutable pouvoir de créer, de fabriquer de l’autre que soi-même, de féminin comme du masculin. Les intellectuelles qui se sont illustrées sont plus nombreuses qu’on ne le pense, de Marie Curie à Alexandra David-Néel, de Golda Meir à Louise Michel ou de Simone Veil à Indira Ghandi, la postérité ne les oublie pas.
Femmes féministes
L’écrivaine Jane Austin, qui nous a charmé par ses portraits de jeunes filles romantiques mais corsetées, avait déjà su décrire le poids des pensées inconscientes, le désir qui mène à l’amour sans atteindre la jouissance. Très effacée, « On ne la remarquait pas plus en société qu’une tisanière ou un pare-feu » disait Virginia Woolf, Jane écrivait qu’une « femme, si elle a la malchance d’avoir des connaissances, devrait les cacher autant qu’elle le peut ». Elizabeth Badinter s’est penchée elle sur l’histoire de l’amour maternel et a confirmé qu’être une femme, c’était être d’abord et avant tout une femme. « Parce que les femmes ont entrepris de se redéfinir, elles ont contraint les hommes à en faire autant ». De Françoise Dolto à Marylin Monroe ou de Rosa Parks à Françoise Giroud, ces femmes ont été et sont encore nos porte-voix.
« Nous sommes très nombreuses à être féministes tout en considérant les hommes et en les aimant !
Le féminisme ne s’est pas construit dans la haine de l’homme, mais dans la défense de la femme. »
Dans ce dictionnaire figurent et on peut s’en étonner, des hommes, François Mitterrand ou Michel Foucault, Jean-Jacques Rousseau ou Pedro Almodovar. Mais qu’allaient-ils donc faire dans cette galère, ai-je envie de dire ? Pedro aime les femmes et sait les inventer à l’écran, Michel refusait que l’individu femme ou homme, soit identifié à son sexe, François était un grand admirateur des femmes et un grand amoureux, etc… sans oublier les Cendrillon, Sissi, Antigone ou Violetta, Laure Adler aime toutes ces femmes imaginées ou réelles qui, venues du passé ou d’aujourd’hui, racontent notre histoire et sont des exemples pour nous et des modèles pour ces messieurs. Pour une fois !
Vicky Sommet
« Dictionnaire intime des femmes » de Laure Adler aux Éditions Stock (octobre 2017).