Le marché aux fruits et légumes subit l’inflation de plein fouet, le marché boursier joue au yoyo et le marché de l’art affiche une santé resplendissante. Les acheteurs chinois, américains ou européens sont devenus les rois du monde et leurs désirs font la loi.
Un monde épris de beauté
Quoi de plus beau qu’une peinture qui nous touche, qu’une sculpture qui rend la matière vivante ou qu’une photo qui reflète notre monde disparu ? Mais les belles choses sont rares et très prisées et elles s’épuisent si de nouveaux artistes ne sont pas poussés vers le haut. Galeristes, marchands d’art, mécènes, fondations et musées, sont les prescripteurs de ces modes, avec un rôle de plus en plus important joué par les sociétés de ventes aux enchères. Plus d’un million d’œuvres d’art sont passées en salles des ventes en 2022, dont presque deux tiers (65 %) ont été adjugées. Même si 56 % des lots ont été vendus pour moins de 1 000 dollars, avec un nombre record d’estampes et de photographies, mais aussi de dessins et de peintures à des prix abordables.
En haut de l’affiche
2022 aura été marqué par la vente de six œuvres adjugées à plus de 100 millions de dollars, une performance historique qui a fait de New York la toute 1ère capitale du marché ultra haut de gamme. Au même moment, de nouvelles places de marché se sont consolidées, de Séoul au Cap, en passant par Sydney, Dallas ou Tokyo. Avec une compétition très intense pour des chefs-d’œuvre comme Le Panier de fraises de Chardin ou L’Empire des lumières de Magritte, la Chine et le Royaume-Uni concentrent 81 % des enchères du marché de l’art mondial. Dans les 25 meilleures ventes, on trouve Picasso, Klimt et Seurat, mais aussi Warhol qui flirte désormais avec les 200 millions pour une toile et Jean-Michel Basquiat, Mark Rothko, Jasper Johns et Jackson Pollock chez les Américains.
Les ventes exceptionnelles
La 1ère vente à plus d’un milliard de dollars provient de la collection privée de Paul Allen (1953-2018), celle de l’homme qui a créé Microsoft avec Bill Gates en 1975. Collectionneur avisé, il a réuni plus de 150 chefs-d’œuvre de la Renaissance à l’Art contemporain, avec les plus grands artistes dont Monet, Manet, Pieter Brueghel le Jeune, Klimt et de nouveaux records d’adjudication pour Seurat, Cézanne, Van Gogh, Gauguin. D’autres collectionneurs concentrent leurs achats sur les communautés marginalisées comme les artistes PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et LGBTQ+.
Mais les artistes femmes ont aussi la cote. Historiques ou contemporaines, elles bénéficient d’une meilleure visibilité de la part des galeries et des musées et, mieux défendues, elles éveillent l’intérêt des collectionneurs, comme l’impressionniste américaine Mary Cassatt ou l’artiste abstraite Mary Heilmann.
L’art suit son propre chemin, au-dessus des modes et des époque. Force est de constater que si une œuvre est une marchandise comme une autre, ce n’est plus la quantité de travail qui détermine sa valeur mais le désir de l’acheteur qui veut approcher le rêve et éprouver le plaisir que Karl-Marx appelait « l’énigme de la valeur ».
Vicky Sommet
« Basquiat x Warhol, à quatre mains » à la Fondation Vuitton jusqu’au 28 août.
« Degas en noir et blanc » à la BNF Richelieu (dessins, photos et estampes) jusqu’au 3 septembre.
« L’Argent dans l’art » à la Monnaie de Paris jusqu’au 24 septembre.
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