Du haut des cimaises de ce joli Musée Jaquemart-André, 500 ans vous contemplent au travers de femmes et d’hommes qui portaient beau dans les salons princiers de Florence et où chacune et chacun voulait se faire tirer le portrait par des peintres virtuoses pour asseoir leur renommée au-delà des frontières de la péninsule italienne.
L’ART DE LA RENAISSANCE. Les nobles, amateurs ou mécènes, accordaient une grande place à l’art et protégeaient les jeunes peintres à qui ils passaient commande pour les portraiturer à loisir. D’un côté les hommes qui souhaitaient apparaître en guerriers ou en défenseurs de l’ordre établi et, de l’autre, les femmes, parées de leurs plus beaux atours, vêtues d’or et de velours, de soies et de dentelles, et dévoilant leurs parures de perles et de pierres précieuses. Mais sans jamais sourire ou s’abaisser à exprimer quelconque sentiment.
L’art du portrait. D’une cour à l’autre, d’un pape à un prince, on s’échangeait des portraits, comme le firent les Médicis à la tête d’un règne fastueux, et qui, chassés par la rigueur de Savonarole, quittèrent la région pour mieux revenir et reprendre le pouvoir. Et c’est à eux que l’on doit le renouveau de la peinture. De Bronzino, aux modèles raffinés et élégants aux Rosso ou Primatice, qui célébrèrent la beauté idéale de la Renaissance, ces œuvres sont traitées en à-plats, avec des couleurs froides, des regards tournés vers l’horizon et une rigidité dans les positions (même les chiens sont figés dans le décor). Ces portraits, offerts comme des cadeaux diplomatiques, ont enrichi les collections et sont parvenus jusqu’à nous grâce à la générosité des collectionneurs qui se comportaient en hommes d’état responsables et amoureux de l’art.
Les « femmes d’État ». D’Eléonore de Tolède, impassible en robe de velours rose et col en fils d’or croisés avec des perles, à La Dame en rouge, assise en robe cramoisie aux manches ballons et tresse dans les cheveux, les femmes posaient volontiers, en exprimant majesté, fierté et aplomb, en ne cachant rien du luxe qui les entourait, pour mieux montrer dans toute l’Europe qu’il fallait compter avec Florence.
Une époque, semble-t-il, où il fallait compter aussi avec le genre féminin !
Vicky Sommet
Musée Jacquemart-André : Florence. Portraits à la cour des Médicis jusqu’au 25 janvier 2016.