Pourquoi ai-je voulu écrire sur Marie Curie ? Presque tout a été dit sur elle, mais elle représente mon idéal de femme menée par la science et la passion, une icône féminine du XXe siècle où détermination et force sans apitoiement sur elle-même la poussent à la réussite. Ambitieuse, indépendante, passionnée, militante, très intelligente… un génie en somme !
« Dans la vie rien n’est à craindre tout est à comprendre »
Son enfance, sa jeunesse douloureuses entre l’occupation russe, des problèmes financiers de plus en plus graves de sa famille, la perte terrible de sa mère et de sa sœur, font naître en elle une détermination et une force considérable qui la poussent à briller dans ses études et se passionner irrévocablement pour les sciences. À l’âge de 24 ans, elle entre à la Sorbonne. Étrangère, avec de sérieux manques en mathématiques et une compréhension imparfaite du français parlé, Marie travaille, sans relâche, se condamne à une vie solitaire et studieuse, pauvre, elle obtient sa licence de physique, puis celle de mathématiques.
« La vie n’est pas facile pour aucun d’entre nous. Nous devons persévérer et surtout avoir confiance en nous-mêmes. Nous devons croire que nous sommes doués pour quelque chose et que nous devons l’atteindre. »
« C’est toujours bon d’épouser votre meilleur ami »
Rentrée en Pologne, elle entretient une correspondance avec un homme qu’elle avait connu à Paris, Pierre Curie, physicien déjà réputé à l’époque, qui lui demande de revenir en France. Pierre et Marie partagent la même passion et vision idéaliste pour la science pure et désintéressée. Ils consacrent leur temps à la recherche scientifique dans un petit hangar à peine chauffé transformé en laboratoire dans des conditions extrêmement difficiles. Marie charrie des sacs à pomme de terre remplis de pechblende. Elle manipule ce minerai riche en uranium et tente d’y découvrir l’origine précise des radiations. Elle utilise pour la première fois le terme « radioactif » pour les désigner.
« Un scientifique dans son laboratoire est non seulement un technicien ; il est aussi un enfant placé devant des phénomènes naturels qui l’impressionnent comme des contes de fée. »
« Ça n’a pas été facile ! »¹
Sa première fille, Irène nait en 1897, Marie est une mère aimante, mais n’envisage en aucun cas d’arrêter son travail qui se poursuit toujours dans des conditions précaires. Et enfin, en 1903, elle reçoit en même temps que son mari et Henri Becquerel, le Prix Nobel de Physique. Elle est la première femme à recevoir un tel prix. Comment trouva-t ‘elle le temps de faire sa deuxième fille, Eve née en 1904 ? Irène et Eve deviendront des belles personnes. Le 19 avril 1906, Pierre Curie meurt. Marie Curie reste seule pour élever ses deux filles.
« J’ai le meilleur mari dont on puisse rêver; Je n’aurais jamais pu imaginer en trouver un comme lui. Il est un vrai cadeau du ciel, et plus nous vivons ensemble, plus nous nous aimons les uns les autres. »
Son courage et sa détermination prennent rapidement le pas sur son désespoir. Quelques mois après le drame, elle prend le poste d’enseignant de son défunt mari à la Sorbonne, devenant la première femme à y obtenir une chaire. Parallèlement, elle poursuit ses recherches sur le radium, pour lesquelles elle obtient le Prix Nobel de Chimie en 1911. Elle est la seule, hommes et femmes confondus, à avoir reçu deux fois cette prestigieuse récompense.
« On ne fait jamais attention à ce qui a été fait, on ne voit que ce qui reste à faire »
Marie Curie souhaite mettre ses recherches au service de l’humanité. C’est donc naturellement qu’elle organise, durant la Première Guerre mondiale, le premier service de radiologie mobile, « les petites Curie », pour mieux soigner les blessés. Ses travaux ouvriront aussi bien les portes de la physique nucléaire que de la radiothérapie. Sa fille Irène la rejoint sur le front à l’âge de 17 ans. Pendant cette guerre interminable, elle développe un réseau d’entraide féminine et une école de formation diplômante pour les femmes. Elle réalise ainsi l’un de ses rêves de jeunesse : rendre les femmes autonomes financièrement et instruire les femmes de milieu modeste.
Cette femme à première vue austère, était profondément humaine, modeste et éprise d’un fort désir d’action et de justice. « Je n’ai pas de robe sauf celle que je porte tous les jours. Si vous avez l’amabilité de m’en donner une, s’il vous plaît, faites-en sorte qu’elle soit pratique et sombre. » dira-t-elle en allant recevoir son Prix Nobel…
Anne-Marie Chust
¹ « J’ai souvent été interrogée, surtout par des femmes, sur la façon dont je pouvais concilier vie familiale et carrière scientifique. Eh bien ! Ça n’a pas été facile ! »
VOIR Le Musée Curie, situé au cœur du « Campus Curie » dans le quartier du Val-de-Grâce du Vᵉ arrondissement de Paris, à deux pas du Panthéon où reposent Pierre et Marie Curie depuis 1995.
LIRE Madame Curie d’Ève Curie, Marie Curie : Portrait d’une femme engagée de Marie-Noëlle Humbert, Marie Curie : Une femme honorable de Françoise Giroud.