Autant de coups de coeur culturels que de regards. Le choix de l’équipe de Mid&Plus en ce début d’année 2020 est le juste reflet de l’esprit qui anime notre site : curieux et éclectique. Une librairie, un jardin, une expo, une série, une maison, un défi culturel, un vieux film, de la danse, des monuments, vous n’avez que l’embarras du choix !
♦Une librairie : La Mouette Rieuse
par Isabelle Brisson
Si vous voulez connaître le nom de famille des deux frères Ûle précipitez-vous à la Mouette Rieuse. Outre les protège-livres clin d’œil, vous trouverez dans cette librairie originale des trésors de la littérature pour les enfants ou pour les plus grands, des jeux, des livres d’occasion, une bibliothèque, etc. C’est un endroit lumineux où il fait bon fouiner et qui est agrémenté d’un petit café. Le plat du jour servi ce mercredi-là était une soupe aux pois cassés avec un cake salé, comme à la maison. Pas cher et savoureux. J’y ai passé un délicieux moment de la journée. 17, rue Pavée, 75004 Paris
♦Un jardin : réouverture du jardin Albert Kahn… en attendant le Musée
par Agnès Brunel Averseng
Il est un havre de paix en plein cœur de Boulogne-Billancourt. On y accède par une porte dérobée. Ce « jardin extraordinaire » est l’œuvre d’un visionnaire, humaniste et pacifiste, du XXe siècle, Albert Kahn, persuadé que « la connaissance mutuelle favorisait le dialogue entre les cultures ». Les différentes scènes du jardin composent une carte du monde : jardin français et verger-roseraie, jardin anglais, forêt dorée, forêt bleue, forêt vosgienne et l’incontournable univers japonais. A la création du jardin, le « village japonais » fut dessiné par des artistes japonais et les maisons de thé transportées du Japon, aujourd’hui, le « jardin japonais contemporain », créé par Fumiaki Takano remplace celui d’Albert Kahn et lui rend hommage. Une bulle de zénitude dans notre univers de brutes ! Jardin Albert Kahn
♦Une expo : Kiki Smith à la Monnaie de Paris
par Marie-Blanche Camps
Double coup de coeur. Pour le site historique, manufacture royale. Le bâtiment néo-classique de 1775 accueille dans ses salons chargés d’histoire des expositions temporaires d’art contemporain. Profitez-en, c’est la dernière fois : la direction a en effet décidé de privilégier l’histoire de la monnaie. Pour l’artiste : elle travaille le verre, le bronze, le bois, le papier mâché… et elle dessine. La plasticienne américaine Kiki Smith a eu carte blanche pour installer 94 œuvres dans les 1 000 m2 des salons avec vue sur la Seine et le Louvre… Le corps de la femme et la condition humaine sont au centre de son univers. Jusqu’au 19 février 2020, tous les jours sauf le lundi (€10). Monnaie de Paris
♦Un jardin et un monument de mémoire : la Chapelle Expiatoire
par Anne-Marie Chust
Faites un détour par la Chapelle Expiatoire en plein quartier Saint-Lazare, Square Louis XVI. C’est un lieu de mémoire discret en l’honneur de Louis XVI et Marie-Antoinette, construit à la place du cimetière de la Madeleine, là où leurs dépouilles avaient été enterrées après leur exécution. Ce jardin urbain est une vrai havre de paix. Vous cheminerez, entre des haies de rosiers blancs qui, paraît-il, fleurissent tous les 21 janvier, jusqu’au vestibule de la chapelle dont la façade, ornée de motifs végétaux, rappelle la symbolique antique du repos éternel. À l’intérieur vous découvrirez les statues du roi et de la reine et leurs poignants derniers écrits qui vous donneront presque envie de devenir royalistes ! La chapelle expiatoire de Paris
♦Un monument : l’Opéra Garnier
par Marie-Hélène Cossé
Napoléon III le décide, Charles Garnier, architecte, le conçoit, en 1875. Classé monument historique en 1923, ce chef d’oeuvre d’architecture du XIXe a toujours impressionné la petite provinciale que je suis. Il y a la première fois bien sûr, celle où l’on emprunte le grand escalier avant de découvrir la prestigieuse salle de spectacle « à l’italienne » avec son plafond peint par Marc Chagall en 1964 et son grand lustre. Mais il y a aussi toutes les autres fois où, à l’entracte, on déambule le coeur battant dans le grand foyer, les salons, les rotondes, tout en admirant du balcon la magnifique vue sur la place de l’Opéra. L’émerveillement est toujours présent ! Seul regret : qu’on y soit si mal assis… Le Barbier de Séville de Rossini du 11 janvier au 12 février, un barbier dans une Séville contemporaine inspirée du cinéma d’Almodóvar. Visiter l’Opéra Garnier
♦Une série : The Crown Saison 3
par Christine Fleurot
Rupture de ton, changement d’actrice (Olivia Colman) pour incarner une reine d’Angleterre dans sa maturité, l’intelligente série américano-britannique balaye, cette fois-ci, les années 60/70 à travers le prisme d’évènements historiques précis. Lord Mountbatten, Camilla, Lord Snowdon, Wallis Simpson, les deux premiers ministres Wilson et Heath y font leur apparition en majesté. Les histoires de cœur et les ragots de cour télescopent la grande Histoire. À voir en buvant une tasse de Earl Grey ou un gin pour accompagner la touchante Princess Margaret (personnage peu épargné par le scénario). Sur Netflix.
♦Une maison : bleue accrochée à ma mémoire
par Anne-Claire Gagnon
Chantée depuis l’adolescence, je ne pouvais y échapper, même si la vraie magie d’une chanson et de San Francisco dépassent la réalité de la maison, bleue comme tant d’autres ici, avec sa simple plaque Maxime Le Forestier. Un arbre sourit en face, dans son ombre. La beauté du quartier tient au parc Mission Dolores, où l’on s’assied ou s’étend à flanc de colline, dans l’herbe – la fragrance de San Francisco ! – pour contempler au loin la ville qui s’étend. Ici, les arbres sont très présents, s’élançant vers le ciel pour flirter avec les buildings ou les églises. On sent la nature qui veille sur son volcan urbain, prête à reprendre ses droits, si San Francisco s’allume, si San Francisco s’embrase… 3841 18th St, San Francisco, CA 94114, États-Unis
♦Un défi : « Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures » d’Hector Obalk
par Brigitte Leca
Seul sur scène, accompagné de deux musiciens et s’appuyant sur un mur de 3.700 images d’une qualité exceptionnelle, l’historien et critique d’art iconoclaste Hector Obalk nous fait traverser avec des anecdotes pleines d’humour les siècles de peinture, parfois chronologiquement, parfois sautant d’un tableau à un autre d’un siècle différent pour comparer leur chromatique, s’arrêtant sur une œuvre en l’agrandissant, attirant notre attention sur les détails d’un chef d’œuvre, probablement difficile à discerner sans sa « loupe » très subjective. Ce jour là, j’ai appris à distinguer un vrai Caravage d’un possible faux, à remarquer que les nuages dans le ciel du Saint-Sebastien de Mantegna dessinaient des chevaux. Pari réussi pour ce survol original de l’histoire de la peinture du XIVe à nos jours. Je retournerai en famille pour un autre « parcours » didactique et passionné dans d’autres œuvres à travers sept siècles de peinture. Jusqu’au 27 janvier au Théâtre de l’Atelier
♦Un vieux film : Femme sous influence
par Michèle Robach
Il y a des couples mythiques dans l’histoire du cinéma. On pense à Ozu et Hara Setsuko, la « Greta Garbo du Japon ». John Cassavetes et Gena Rowlands en sont un autre exemple. Eux aussi passent au crible la singularité parfois la dureté des rapports familiaux. Dans Une femme sous influence (1974), nous sommes invités dans l’intimité d’un couple de la classe ouvrière. Nick (Peter Falk, l’inspecteur Colombo) est contremaitre et Mabel (Gena Rowlands, 7 films en commun avec Cassavetes) est femme au foyer, fragile et nerveuse. L’ouvrier exploité et la femme qui se sent inutile, dans un face à face cruel où les mots ont peu de poids mais où la parole est donnée au corps (gesticulations, émotions, violence..). Gena Rowlands est lumineuse. Peter Falk irrésistible dans le rôle du brave type qui va craquer. À voir sur https://www.lacinetek.com/fr/
♦De la danse… et décadanse
par Vicky Sommet
Paris capitale de la danse. Hip-hop et tarentelles italiennes, musique baroque et Mourad Merzouki pour Folia, la rencontre inattendue entre deux univers qui s’entrechoquent. Ou la comédie musicale Funny Girl au théâtre Marigny (jusqu’au 7 mars), l’histoire d’une jeune fille qui deviendra une star pour les Ziegfield Follies. Mélange de genre encore avec Le Parc d’Angelin Preljocaj sur une musique de Mozart et le cheminement des passions. Le site de la 3ème Scène de l’Opéra de Paris, Clément Cogitore et Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau avec les danseurs de Krump venus des ghettos de Los Angeles pour s’opposer à la répression policière. Giselle à l’Opéra Garnier du 31 janvier au 15 février, le ballet romantique par excellence en provenance de Russie. Plus moderne, du 1er au 4 avril à la Grande Halle de la Villette, le ballet de Crystal Pite, Le Revisor, un ressort classique du quiproquo dû à Nicolas Gogol.