Autant de livres que de regards. Le choix de l’équipe de Mid&Plus pour ses lectures estivales est le juste reflet de l’esprit qui anime notre site : curieux et éclectique !
♦ De l’histoire avec Vicky Sommet
Miniaturiste – Jessie Burton (Éditons Folio, 2017, 528 pages, €8,40)
À 18 ans, Nella quitte son village pour Amsterdam et rejoindre son mari, un homme d’âge mûr qu’elle ne connaît pas. Elle peinera à être acceptée par les occupants de l’opulente demeure du marchand d’étoffes et c’est en recevant pour cadeau une maison de poupée miniature que les zones d’ombre de sa nouvelle vie vont s’éclaircir peu à peu. Nous sommes en 1686 mais Nella deviendra une femme moderne, indépendante et capable d‘affronter l’intransigeance religieuse comme la rigueur morale de l’époque.
« C’est votre maison… L’exactitude de la reproduction est fascinante, comme si la véritable maison avait été rétrécie, son corps coupé et ses organes dévoilés. »
♦ De l’adrénaline avec Christine Fleurot
Une femme au front – Mémoires d’une reporter de guerre – Martine Laroche-Joubert (Cherche-Midi, 2019, 209 pages, €17)
Caméra à l’épaule aux côtés de cette grand reporter pour vivre 45 ans de journalisme au travers des conflits les plus violents de notre époque. De la Centre Afrique à Sarajevo, de l’Irak à la Syrie en passant par l’Afghanistan ou Gaza, Martine Laroche-Joubert exprime son besoin vital d’être là où cela se passe, son désir viscéral d’ailleurs et de grand air pas toujours avouable au regard d’une vie de femme et familiale. Un témoignage sincère sur ce que l’on perçoit plus comme une mission que d’un métier.
« C’est cela aussi, cela surtout , être grand reporter : devenir le meilleur messager possible des petits et grands bouleversements du monde... »
♦ De l’art avec Agnès Brunel-Averseng
Gabriële – Claire Berest, Anne Berest (Stock, 2017, 450 pages, €21,50)
1908, 27 ans, Gabriële Buffet, musicienne prometteuse, femme indépendante et féministe ne voulant ni se marier, ni avoir d’enfants, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès à la réputation sulfureuse. En une nuit, elle change d’avis et accepte de lier sa vie à la sienne. Elle aura quatre enfants avec Picabia dans une indifférence tranquille. Sa vie est ailleurs. Faite d’art, de voyages, de rencontres. Elle devient le cerveau érotique (sic Picabia) qui met tous les hommes à ses genoux: Marcel Duchamp, Guillaume Apollinaire… Aujourd’hui, ce sont ses arrières-petites-filles qui la racontent et renouent les fils de son existence.
« – Il faut que vous peigniez une œuvre, créée de toutes pièces par l’esprit qui la conçoit
– Très bien. Mais comment créer quand on a devant soi tellement de choses à copier ?
– Mais on ne copie pas, voilà tout. »
♦ De la fable sociale avec Anne-Marie Chust
Changer le sens des rivières – Murielle Magellan (Julliard, 2019, 240 pages, €19.50)
La chanson nostalgique et poétique d’Alain Souchon La beauté d’Ava Gardner a inspiré le beau titre de ce livre. Mais là où Souchon nous dit que tout ce qu’on gagne, on le perd, que l’on ne peut pas changer le sens des rivières, Muriel Magellan réussit, elle, à nous convaincre dans son roman d’apprentissage ô combien actuel que le déterminisme social peut être vaincu par la force des rencontres, la transmission de la connaissance et la maîtrise choisie de son destin. Marie, son héroïne très attachante et émouvante, croise Alexandre et Gérard qui viennent d’autres mondes. Ensemble, ils arriveront à débloquer la serrure et tourner la clé. Marie apprendra que parfois il faut partir pour mieux revenir…
« J’aime les regretteurs d’hier, qui trouvent que tout ce qu’on gagne, on le perd, qui voudraient changer le sens des rivières, retrouver la beauté d’Ava Gardner » Alain Souchon « La beauté d’Ava Gardner » – « Ultra Moderne Solitude. »
♦ De la saga familiale avec Marie-Hélène Cossé
Confidences d’une emmerdeuse – Hélène de Montaigu (Librinova, 2018, 173 pages, €14,90)
Une famille nombreuse bien sous tous rapports (très BCBG…), en apparence tout du moins car sécheresses de forme et de coeur y sont de mise, ainsi que des rapports à l’argent bien compliqués… Zénaïde, petite dernière baptisée l’Emmerdeuse par sa fratrie, cherche à comprendre à la cinquantaine pourquoi elle a été affublée de ce sobriquet et comment faire pour s’en débarrasser. On se retrouve bien souvent dans ce récit enlevé d’une moitié de vie passée au sein d’une famille, puis d’une belle famille, pas si parfaites que ça du tout… Beau chemin parcouru et quelle jolie plume piquante et pleine d’humour !
« Bref, j’étais un accident, mais j’étais une fille. Cela aurait pu être une chance pour moi. Hélas, j’apprendrais à mes dépens que cette situation n’était pas des plus enviables, compte tenu de la philosophie familiale dédiée toute entière au culte masculin. »