Entre Méditerranée et étang de Thau, la cité portuaire de Sète hisse ses couleurs très personnelles et affiche un sacré caractère. C’est sans doute le poète Paul Valéry qui a trouvé l’expression la plus juste pour la qualifier, « l’ile singulière ».
Tout tourne autour de la mer
« Si on peut vivre une vie Varda » comme le chante Delerm, Sète peut s’aborder par la Pointe courte où la cinéaste tourna un film en 1955. Ce quartier pittoresque de pêcheurs est resté dans son jus avec ses filets, nasses et casiers séchant au grand vent. Entre maisonnettes colorées et murs tagués, vous y croiserez des chats, un homme grenouille poulpe à la main et des pêcheurs refaisant le monde autour d’un verre. Une douzaine de ponts, tournants, basculants ou routiers permettent de circuler et de naviguer de canaux en canaux. Il faut longer les kilomètres de quais pour découvrir ce port dans la ville avec ses barques de joute nautique, sa flottille de catalanes rapportant anchois, poulpes ou escargots de mer, ses voiliers de plaisance. Plus loin quelques thoniers et chalutiers patientent, plus loin encore mouillent des bateaux de croisière ou de liaisons maritimes en partance vers le Maroc ou l’Algérie.
Une vie culturelle stimulante
En grimpant sur les hauteurs du Mont Saint-Clair à l’immobilier plus léché, le Musée Paul Valéry aux lignes Le Corbusier domine le charmant cimetière marin. Là on pourra décrypter l’écriture du plus célèbre poème de l’auteur, découvrir des œuvres du XVIIe à nos jours ainsi que les deux célèbres écoles sètoises : le groupe Montpellier-Sète et la Figuration libre avec Combas et Di Rosa. Ce dernier est à l’origine de la création du très décapant Musée International des Arts Modestes, le MIAM, « pour nommer ce qui est oublié, marginal (commercial ou sauvage), occulté, périphérique de la création ». À ne surtout pas manquer, les amusantes vitrines de Bernard Belluc qui nous renvoient à notre enfance des années 60. Des anciens entrepôts frigorifiques abritent dans leurs volumes surdimensionnés le Centre régional d’art contemporain, très actif et très vivant, grâce en particulier à la présence de jeunes médiateurs passionnés.
Des escapades environnantes
Il faut prendre le temps de flâner le long de l’étang de Thau à travers les ports de Bouzigues, Mèze ou de Marseillan pour comprendre la biodiversité de « ce jardin de la mer » et les principes de l’ostréiculture et de la mytiliculture. Incontournable une dégustation de ces fameux coquillages, accompagnés d’un verre de Picpoul de Pinet. Traversant quelques arpents de ce cépage, on atteint rapidement le village de Pézenas où Molière séjourna avec sa troupe. Déambulant dans les ruelles pavées, entre somptueux hôtels particuliers et boutiques d’artisanat d’art, on se surprend à siffloter « La maman des poissons elle est bien gentille » de Boby Lapointe, enfant du village. Voisine, à quelques kilomètres, l’abbaye cistercienne de Valmagne, magnifiquement restaurée étonne avec son église abbatiale transformée en chai. Aujourd’hui la famille Gaudart d’Allaines y poursuit la belle histoire de son vignoble millénaire.
Christine Fleurot
NOS ADRESSES À SÈTE
♥ Dormir :
Le grand Hôtel : élégante bâtisse du XIXe face aux canaux offrant des chambres entièrement rénovées. 17 quai de Tassigny.
♥ Se restaurer :
La Marine : avec la cheffe Magali aux fourneaux et une équipe en salle qui connait la notion de service, une des meilleures adresses pour découvrir les spécialités sétoises. 29 quai Général Durand.
Les Halles : sous les Halles de style Baltard, dégustation d’huîtres de l’étang de Thau et autres coquillages et crustacés, tielles et produits méditerranéens accompagnés d’un verre de Picpoul. Rue Gambetta.
♥ Se cultiver :
Musée Paul Valéry – MIAM – CRAC
L’abbaye de Valmagne