Miracle, tout le monde s’en est aperçu au même moment, voici venu le siècle des héroïnes à respecter, admirer et chérir, celles qui sortent des livres, des tableaux, bref celles qui existent grâce à l’imaginaire des écrivains ou des artistes. Elles revivent aujourd’hui dans de nombreux expositions et ouvrages qui les font connaître aux jeunes générations.
Dans les expositions
Elles étaient pourtant bien là, cachées sous le manteau de l’histoire, de Cléopâtre à la Princesse de Clèves ou de Charlotte Corday à Colette. Le Musée de la Vie romantique invite à découvrir les « Héroïnes romantiques » pour une promenade entre Beaux-Arts, littérature et manuscrits. Le Musée du Luxembourg expose les « Pionnières » des années folles, héroïnes des années 20. Autre vitrine, si les livres d’histoire ont longtemps effacé les noms des femmes de pouvoir de la Renaissance, au Château de Blois, une exposition met en valeur ces influenceuses du 16ème siècle au travers de l’exposition « Renaissance des femmes » qui retrace l’histoire de 34 femmes européennes puissantes de cette époque. Au Musée de la Libération, « Femmes photographes de guerre » réunit les travaux de huit femmes photoreporters ayant couvert différents conflits, de la guerre d’Espagne aux affrontements en Afghanistan, où, davantage que leurs homologues masculins, elles témoignent de la présence des femmes au combat qu’elles approchent plus facilement.
Picasso, homme à femmes, a beaucoup peint ses proches dont sa fille Maya, toiles exposées au Musée Picasso. « Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo » propose de relire une partie de son œuvre par le prisme de ce rapport qu’il entretient avec sa fille, née en 1935 de sa relation passionnelle avec Marie-Thérèse Walter.
« Femmes d’influence », elles impulsent, dirigent, siègent dans les plus hautes instances. Révolutionnaires, résistantes ou pionnières, un hommage leur est rendu, de Simone Veil à Coco Chanel ou d’Angela Merkel à Claudie Haigneré, le temps d’une exposition de photos sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Levallois, 30 d’entre elles avec des portraits issus des archives de Paris Match, qui laissent entrevoir la force qu’il leur a fallu pour se hisser là où on ne les attendait pas (jusqu’au 12 juin).
Dans la littérature
Les héroïnes intéressent aussi les écrivains. Marie-Laure Buisson sort « Femmes combattantes », qui brosse le portrait d’héroïnes pleinement femmes mais n’ayant pas froid aux yeux et qui se sont engagées sur des terrains de combat. Marie-Noëlle Demay avec le portrait d’ « Aliénor d’Aquitaine, il y eut un soir, il y eut un matin » raconte la vie de cette femme de pouvoir qui a enseigné son sens politique à Blanche de Castille, la transmission par les femmes. Et, enfin, la parution de « De la guerre » avec un dossier « Femmes au combat, mythe ou réalité » où le sexe faible comme ils disent ne cède pas sa place. Des Amazones aux Peshmergas kurdes ou des femmes vikings aux snipeuses soviétiques, l’Histoire est remplie des femmes qui en remontrent aux hommes.
Et la liste est encore longue, comme si 2022 marquait un tournant (la nomination d’un Premier ministre femme est à la fois une bonne nouvelle, mais quoi de plus normal que de nommer une personne pour ses compétences et non pour son genre) et comme si la date du 8 mars, Journée Internationale des droits des femmes, n’avait plus lieu d’être. Ce dont nous les femmes, nous devrions nous réjouir et dire tout haut que nous sommes bel et bien là toute l’année… avec ou sans fête !
Vicky Sommet
ET ENCORE : Un nouveau livre : « Où naissent les héroïnes » de Claire Vigarello (Albin Michel, mars 2022). Une série sur Arte TV (trois épisodes) : « Héroïnes » réalisé par Audrey Estrougo avec Romane Bohringer.
