Un site-mémorial pour ne jamais oublier

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Extermination, déportation et plus près de nous internement, l’impensable et l’indicible ont existé pendant la Seconde Guerre mondiale en France. Le Camp des Milles près d’Aix-en-Provence a décidé de remonter le temps pour rétablir la vérité. Pour ne pas oublier et dire aux jeunes générations « Jamais plus ! »

Les indésirables

Ouvert en 1939 dans une tuilerie désaffectée du hameau des Milles, ce camp a servi d’abord à interner les ennemis de la République, juifs, étrangers, antifascistes, avant de les déporter vers Auschwitz. C’est le seul camp français encore intact qui, en s’ouvrant au public, a choisi de témoigner, dans ce qui fut autrefois la zone libre, de ce qu’ont vécu des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants jusqu’en 1942. Conçu aujourd’hui comme un musée, soutenu par les ministères de la Culture et de l’Armée, il est devenu l’un des neuf hauts lieux de mémoire. Tourné vers l’enseignement de la fraternité et du respect de l’autre, quel que soit l’autre, il vise à éradiquer l’engrenage des discriminations, de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie.

©Le camp des Milles - Mid&Plus

Les artistes des Milles

Internés, de nombreux artistes ont continué à s’exprimer malgré les privations et le manque de moyens. Restent aujourd’hui des fresques réalisées à la demande du directeur du camp par des peintres présents sur les lieux, qui décorent avec humour les murs du réfectoire des gardiens. Étaient représentés tous les arts, les peintres comme Max Ernst ou Hans Bellmer, la littérature avec des écrivains, des poètes et des traducteurs comme Lion Feuchtwanger, ami de Bertolt Brecht, des musiciens qui donnaient des concerts, des chanteurs et des comédiens. Mais aussi des architectes et des Prix Nobel comme Tadeusz Reichstein, l’un des inventeurs de la cortisone et des hommes politiques. On donnait des représentations, à la fois pour entretenir le moral et pour s’attacher les faveurs de l’administration plutôt bienveillante jusqu’en 42, l’heure du départ des convois.

©Le camp des Milles - Mid&Plus

Fenêtres fermées pour que la population incarcérée ne soit pas vue de l’extérieur ce qui obligeait les gens à vivre dans une semi-pénombre.

Un camp de transit

Ils furent bientôt plus de 3 500 internés vivant dans des conditions très précaires, manque de nourriture, promiscuité, problèmes d’hygiène, maladies et vermines, la vie au camp s’est vite dégradée. Puis Vichy décida de déporter 10 000 Juifs vers l’Allemagne et ce sera le début d’un voyage qui les mènera vers Drancy puis Auschwitz avec, sous l’impulsion du gouvernement de Laval, la déportation de tous les enfants de moins de 16 ans, suivis par ceux à partir d’un an. L’occasion pour ceux qu’on appellera plus tard les Justes parmi les Nations de sauver tous ceux à qui ils ont pu venir en aide.

Pour se souvenir ou pour apprendre, ce site est une page de l’histoire de France qu’il faut tourner avec émotion et respect. `

Vicky Sommet

Site-Mémorial Camp des Milles, 40 chemin de la Badesse, 13290 Aix-en-Provence, ouvert depuis 2012, tous les jours de 10h00 à 18h00.©Le camp des Milles - Mid&Plus

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