Un peintre visionnaire, Hubert Robert

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Lors de mes nombreuses visites au Louvre, je me suis toujours arrêtée devant ce tableau qui me transporte plus de deux siècles en arrière dans la Grande Galerie où sont accrochées les toiles d’artistes célèbres, ce musée si familier au peintre Hubert Robert puisqu’il y possédait un atelier et un appartement et qu’il a participé à l’aménagement de ce lieu qui deviendra plus tard le Musée que l’on connaît aujourd’hui.

Amateur de mondes en ruines. Ami de Fragonard avec qui il bambochait jusqu’à plus soif à Rome, amoureux de l’Italie pour son histoire et ses monuments antiques, du Forum au Colisée, de l’Académie de France au Capitole, Hubert Robert a puisé son inspiration dans les décombres de la ville éternelle : « Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure ». Ces paroles de Diderot collent parfaitement à la pensée de celui qu’on surnommait « le Robert des ruines ». Il a peint des blocs de pierre, des chapiteaux corinthiens, des colonnes,  des temples, des escaliers, autant de formes grandioses comme autant de décors imaginés qui portent la patte de cet artiste hors norme.

Une « anticomanie » maîtrisée. Si la nature trouve sa place dans les toiles de l’artiste, le ciel, les arbres, les montagnes ou les torrents, les hommes et les femmes n’y figurent que comme des prétextes pour montrer que la vie est présente dans ces lieux façonnés par l’Antiquité et revisités au XVIIIe siècle. Mais on sent aussi Hubert Robert fasciné, à côté des ruines, symboles d’une civilisation en décomposition, par les horreurs et le catastrophisme comme avec son œuvre retraçant l’incendie de Rome. De la toile au décor rural, il n’y a qu’un pas que l’artiste a franchi en peignant des panneaux ornant les murs d’hôtels particuliers parisiens, l’Hôtel de Sabran ou l’Hôtel de Brienne, de nombreux châteaux et même les demeures de riches clients russes. Enfin, il fut le dessinateur du jardin anglais, le concepteur de la laiterie et du mobilier du Château de Rambouillet, un artiste protéiforme.

Hubert Robert et Paris. C’est à Paris qu’il meurt en 1808, peintre d’une capitale en profonde mutation. Il avait obtenu un appartement Place Vendôme en échange de l’expulsion décrétée par Bonaparte de tous les occupants du Louvre avant que le musée n’ouvre au public en 1799. Une vie de créations, de louanges, mais aussi une période révolutionnaire où il fut arrêté pour « incivisme reconnu et liaisons avec les aristocrates ». La chute de Robespierre a permis sa libération inattendue qui nous permet aujourd’hui, à nous, visiteurs du Musée du Louvre en 2016, de découvrir toutes les œuvres de ce peintre visionnaire… et peut-être même de rencontrer son fantôme au détour d’une salle !

Vicky Sommet

Exposition Hubert Robert- Musée du Louvre -Paris- jusqu’au 30 mai 2016
National Gallery of Art Washington- du 26 juin au 2 octobre 2016

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