Et tu n’es pas revenu

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Son livre est une déclaration d’amour. Après soixante-dix ans de silence Marceline Loridan-Ivens écrit à son père et pose enfin des mots sur sa souffrance. Déportée avec lui, elle lui écrit pour lui dire combien il a été difficile d’aimer cette vie dont elle ne voulait finalement plus, parce qu’il n’était plus là. Elle décrit le camp, les corps des femmes qui s’affaissent, humiliées, affamées, décharnées, le sang qui ne coule plus, la vie qui s’éteint. Et cela résonne dans notre chair pour y laisser une empreinte émotionnelle indélébile plus vitale que n’importe quel cours ou discours sur la Shoah. Pour cela, pour ces phrases simples qui claquent comme des gifles, pour nos larmes qui coulent en lisant,  il faut remercier la jeune-fille qui a eu la force de survivre pendant si longtemps. Survivre 70 ans. Et maintenant, Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg, se demande comme toutes ces héroïnes encore vivantes, si, finalement, elle a bien fait de revenir des camps. La réponse est dans ce livre. La réponse est ce livre. Ce n’est rien et c’est tout à la fois. Il faut lire ce texte non seulement parce que l’actualité nous l’impose cruellement, mais aussi parce qu’il nous fait pénétrer l’horreur par la bouche et les mots d’une femme.

Astrid Renoult

Et tu n’es pas revenu (Grasset, 107p., février 2015 – Poche, août 2016)

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