Franchir la porte d’une joaillerie est certainement un moment de plaisir, mais aussi peut se révéler un instant intimidant. Prendre rendez-vous avec Annette Girardon devient une toute autre démarche pour celle qui recherche non du prêt-à-porter mais plutôt du sur-mesure en matière de bijou. Un face-à-face tout en confiance, une rencontre à fleur de peau. Click here to read this article in English*
Des chemins de traverse
D’origine allemande, son cursus estudiantin à l’Université de Bamberg la prédestinait à priori à une carrière de business woman. Épouse d’un grand reporter, maman de deux jeunes enfants, la fibre artistique qu’elle avait en elle décide de se réveiller… à 33 ans ! Se replongeant alors dans l’Histoire de l’art à l’École du Louvre, Annette enchaîne sur une formation à l’École BJO¹ où elle acquiert toutes les bases et les phases de l’expertise et de la fabrication joaillière. Un passage aux côtés d’un meilleur ouvrier de France travaillant auprès de la célèbre et mystérieuse maison Jar lui apprendra « à voir » et lui enseignera « l’exigence » du métier.
« Parce que chaque femme est unique, chaque bijou doit l’être. »
Un atelier très privé
Après plusieurs collections et expositions, puis l’ouverture d’un premier atelier dans le IXe en 2000, Annette s’installe en 2007 rue du Mont Thabor, au fond d’une charmante cour fleurie. À première vue, rien ne laisse soupçonner que vous entrez dans une joaillerie. Seuls un établi et quelques outils en vitrine pourraient alerter un œil averti. Nul bijou apparent, des stores origamis immaculés, un mobilier minimaliste, on est dans l’épure totale et l’harmonie. Sur un bureau scandinave… incongru, seul un ordinateur 17 pouces a sa place !
Je suis joaillière-plasticienne
C’est ainsi qu’Annette se définit car elle maîtrise l’ensemble du processus artistique, de l’idée à la réalisation finale. Une fois le bijou dessiné -car l’essence de sa création et la traduction de la couleur des gemmes est toujours au bout de son crayon- il est parfois modélisé sur écran pour une meilleure perception des volumes, avant de passer au stade incontournable de la maquette sculptée en cire. L’utilisation de l’imprimante 3D, approche moderne du métier, reste encore timide ! Sertissage, gravure, polissage sont assurés par des ateliers proches (la Place Vendôme est à quelques pas !) au savoir-faire traditionnel irréprochable.
Sur rendez-vous
Annette ne reçoit que sur rendez-vous. On vient chez elle par bouche-à-oreille. Certains craquent pour sa collection en cours, d’autres souhaitent donner une deuxième vie à un bijou ancien. Les plus audacieux, en quête d’aventure et de singularité, rechercheront une création unique qui leur ressemble, en harmonie complète avec leur personnalité.
Un bijou sur-mesure : « La matière première c’est la personne rencontrée »
Dans un premier temps, la créatrice noue un dialogue sensible avec sa cliente afin de mieux cerner sa personnalité, ses valeurs, son univers. Un vrai travail intellectuel pour une transcription en langage artistique sous forme de palette d’inspirations, de tableau-miroir où photos, citations, références architecturales, dominante chromatique voire olfactive prennent vie. Ce n’est qu’après ce cheminement que pierres, couleurs et métal entreront en jeu. Trois dessins du bijou souhaité seront alors proposés… pour un choix cornélien !
Ce jour-là, regardant Annette Girardon, voix douce comme son pull mohair, penchée sur un joli carnet, travaillant sur le thème de la Mélancolie romantique, entourée d’esquisses au crayon, de planches annotées intrigantes, de subtils dessins rehaussés à la gouache de projets rêvés, aucune femme ne résisterait à se confier à elle, ainsi qu’à lui livrer cou, oreilles ou mains dans la promesse de posséder bientôt… SON bijou.
Annette Girardon, 7 rue du Mont Thabor, 75001 Paris. Sur rendez-vous
*Article translated by Katie Wilkinson for My French Life.
¹École Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie