Éditrice dans une maison réputée pendant 18 ans, Arlette N. découvre maintenant des auteurs qu’elle pousse jusqu’à un éditeur de son choix pour mettre en valeur leur travail. Avant elle avait fait ses preuves dans la presse écrite et à la télévision.
Ne pas lâcher le morceau
Arlette ne fait aucune différence femme-homme chez les éditeurs, encore qu’elles soient peut-être meilleures enquêtrices que les hommes parce qu’elles ne lâchent pas le morceau. De même, une femme accouchera peut-être mieux un auteur quand elle sent qu’il ne dit pas tout. Chez les auteurs la différence ne se joue pas non plus sur le sexe. Chacun est un cas particulier, original. Quant à la féminisation des termes, elle est contre « écrivaine, auteure, autrice », comme l’emploi de « celles et ceux » dans les discours, alors que la langue française possède un neutre. Les règles de grammaire sont là pour être utilisées. Elle ne lirait pas un manuscrit avec ces mots-là jusqu’au bout.
Percer et être édité
Les auteurs ne travaillent pas tous pareillement. Certains soumettent leur manuscrit à la fin, d’autres veulent être soutenus. L’éditeur lit la copie au fur et à mesure et leur dit ce qu’il en pense. Cela apporte un autre regard. La plus grande difficulté pour un auteur est de percer et d’être édité. Si le livre ne marche pas, l’auteur peine à imposer un deuxième ouvrage. Pour rembourser les frais d’édition il faut vendre 3 000 livres. À 6 000 ventes, on peut dire qu’il marche. À 10 000, c’est un petit best-seller. À partir de 20 000, c’est un vrai best-seller ! Devenir éditeur demande une grande culture générale, littéraire, grammaticale et le sens du public. Compliqué de vendre sa camelote dans un comité de lecture. Des anciens journalistes, des auteurs ou des gens de la même famille (Laffont, Gallimard, …) y parviennent.
Quant à l’avenir du livre papier ? Certains pensent qu’il n’y en a pas. Arlette croit que si. Il y aura toujours des amateurs de papier pour les bons textes, de beaux livres et de belles bibliothèques, de même qu’il y aura toujours des fans d’opéra.
Avoir du talent
L’auto-édition coute de l’argent, donne le plaisir de voir son nom sur la couverture, mais Arlette la déconseille. Sauf pour les personnes qui laissent leurs souvenirs à la famille. Elle a pitié des auteurs qui le font sans savoir s’auto-mesurer. Il faut beaucoup de qualités pour être édité. Cela s’appelle le talent. Le talent c’est quand le lecteur prend un livre et n’a plus envie de le lâcher. Pour cela il faut avoir une plume, se documenter, travailler son sujet. Pour rédiger un roman il n’y a pas de règle, il faut séduire. Pour un essai, il y en a : signature connue, apporter quelque chose de neuf et de sérieux. Certains professionnels et autres personnages dans l’actualité ont plus à dire que d’autres.
À quatre-vingt-deux printemps, Arlette avoue qu’elle lève le pied, mais à part celui qu’elle a sensible et l’oreille qui lui joue des tours, sa tête fonctionne parfaitement ! Au volant de sa voiture, elle mène sa vie parisienne à 200 à l’heure.
Isabelle Brisson
Les chouchous de la rentrée littéraire
534 ouvrages à paraître fin octobre dont 336 romans– « Soif » d’Amélie Nothomb
– « La mer à l’envers » de Darieussesecq
– « Jungle » de Monica Sabolo
– « Ils vont tuer Robert Kennedy » de Marc Dugain