Jean-Louis et Barbara forment un tourbillon d’énergie autour de leur guirlande familiale âgée à l’époque de 2 à 13 ans. Leurs réussites et leurs projets donnent envie. « Tout va tellement bien, ce n’est pas possible, il va nous arriver quelque chose » me glisse Barbara, quelques mois avant l’accident…
Déterminée à porter sa famille
Un accident pour une bêtise en scooter, suivi d’une erreur médicale, vont plonger Jean-Louis dans le coma. Trois semaines de mort cérébrale. Tout s’arrête pour ses proches, où l’improbable anéantit Barbara et sa famille. Elle relève la tête car elle doit gérer la situation. Elle refuse trois fois que son mari soit « débranché. » Depuis son réveil, un combat quotidien de rééducation, puis d’insertion s’engage. Aujourd’hui, Jean-Louis vit avec un voile noir qui lui a retiré la vue, la mémoire immédiate, la notion de l’espace du temps et la satiété. S’il a retrouvé l’usage de la marche et une activité physique à sa mesure, grâce à la pugnacité de son épouse, il a changé physiquement, mentalement, émotionnellement. Jean-Louis est enfermé dans un état dont il sort par à-coups. Si quelque chose est cassé en lui, il a pourtant fait un chemin impensable pour les médecins. Barbara s’est battue pour le récupérer à la maison avec sa trachéotomie, lui réapprendre à manger, à marcher, à rire, à ne pas s’étouffer, à embrasser. Elle n’a pas eu le choix, déterminée à porter la famille.
« Il est compliqué de ne plus arrêter son regard, de parler de choses légères, de l’entendre « hors sujet » ou siffler quand son cerveau le fait passer à autre chose. Il y a des instants de complicité où il est avec nous, puis il s’échappe pour revenir comme s’il était dans son ancienne vie. Jean-Louis est capable de danser le rock sur une musique d’autrefois ! Conscience du moment, ou appel à sa mémoire du passé ? »
La bataille est dans l’espoir de la vie
Barbara est solaire. Un cocktail d’énergie et de volonté a fait d’elle un concentré d’amoureuse, de maman d’exception, d’entrepreneuse, d’infirmière, marathonienne et traileuse. Elle s’équilibre en pratiquant le yoga depuis des années. Sa force mentale fait tenir Barbara pour accompagner ses enfants, mener sa carrière professionnelle, continuer ses projets… La famille est aidée par deux auxiliaires de vies formidables. Après l’accident, Barbara alimente un blog pour la chaîne de famille et d’amis sous le choc. Elle se bat, écrit un livre par besoin, pour se libérer, dans lequel elle explique, raconte, se raconte. Elle embarque sa joyeuse bande d’amis dans des projets sportifs pour se dépasser et aider, à travers l’association française des traumatisés crâniens (UNAFTC). Elle vient de participer à l’adaptation libre de leur histoire pour le cinéma. L’exemplarité me vient spontanément pour la décrire, car elle n’a pas d’autre cap que de continuer à faire sourire sa famille. Barbara creuse, cherche, écoute, s’informe de toutes les méthodes, ou disciplines médicales et paramédicales, susceptibles de faire revenir davantage son amoureux. Jean-Louis a beaucoup progressé récemment.
C’est le soir, quand la maison s’endort que Jean-Louis s’exprime tendrement : « Sans toi, je ne serai jamais revenu », « Je t’aime ». Elle vit pour ces moments suspendus, où le fil les relie, quel que soit le reste de leur réalité. Quand on la questionne dix ans plus tard sur son choix, elle cite spontanément la phrase de Socrate, « le bonheur est une vie sans regrets. » Barbara ne nous donne aucune leçon, elle nous dit « profitons de la vie » !
Sandra Blanc Mesnel
Dreamaker
On n’a qu’une vie !
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« La course de la mouette » aux éditions La Martinière, 2014