Publicitaire, consultante pour l’entreprise, puis réalisatrice de documentaires pour la télévision et de films institutionnels, Marie Agostini ne cesse d’explorer, observer, analyser l’être humain et son fonctionnement. Ses outils ? La caméra et le crayon, associés aujourd’hui au coaching.
« Observer le monde et en rendre compte »
Née au Cambodge d’un père proviseur du lycée français et d’une mère prof de physique-chimie, Marie a connu un déménagement tous les 5 ans : le Chili, l’Espagne, le Liban… Si ces ruptures de rythme ont stimulé sa curiosité, aiguisé son regard, exacerbé sa sensibilité aux autres et développé son sens de l’adaptation, elles l’ont aussi chargée de souvenirs et d’une certaine façon fragilisée. À 17 ans, elle arrive seule à Paris, ville inconnue, et ses études à peine terminées commence à travailler dans la pub. « C’était un milieu fantasque et créatif avec pas mal de liberté, ce qui correspondait bien à ma personnalité. » Plus elle devient consultante, rencontre le monde de l’entreprise et le service public en faisant une étude pour EDF. Elle se promène, écoute les gens, les voit travailler et vivre la hiérarchie au quotidien. « Je me suis régalée. » C’est à la suite de cette enquête qu’elle comprend ce qu’elle veut : observer le monde et que son regard soit utile et serve !
« À l’époque tout était possible, on pouvait tenter des choses »
Son frère, chef opérateur à la TV, lui suggère de faire des films : « C’est la même chose que ce que tu fais aujourd’hui. Tu feras parler les gens et je les filmerai. » Marie a une trentaine d’années, elle rend son appart, s’installe dans une chambre de bonne, s’enferme pendant six mois, visionne tous les films qui existent et découvre le monde du documentaire avec Depardon et Wiseman. Elle rencontre Hervé Chabalier de l’agence CAPA qui l’envoie travailler dans l’espace de l’entreprise. François Roche, directeur de films d’entreprise, l’encourage : « Tout ce que tu ne sais pas s’apprend, tout ce qui ne s’apprend pas tu le sais déjà. » Marie tourne un film pour la CAF de Mantes-la-Jolie (Val Fourré) qui l’inspire pour son premier documentaire tourné au même endroit en 2000. « Quand je tourne un film, j’arrive toujours avec une intention, je suis curieuse, instinctive, je me connecte assez vite. » Elle gagne des prix avec ce premier sujet puis enchaîne les projets. Elle tournera une quinzaine de documentaires autour de sujets qui lui tiennent à coeur : l’âge, la parentalité, la retraite…
« C’est un combat dans un univers masculin. Soit on ancre son énergie sur des frustrations, soit on la fonde sur ses croyances, on se débarrasse du règlement de compte. »
« Je veux faire grandir ceux qui regarderont mes films »
Le temps passe, sa relation à la TV lui devient toxique. Elle sent moins de confiance, son espace de liberté se restreint, les relations se tendent avec les raconteurs d’histoires. Marie pense que la caméra accentue soit la sincérité, soit la langue de bois…Elle a envie de faire une pause. Elle rencontre alors une femme coach et décide d’entamer une formation pendant six mois : « Un an de liberté comme avant le documentaire ! Je lis tous les grands coaches des années 60. » Marie découvre qu’elle faisait du coaching sans le savoir, comme M Jourdain de la prose…
« Je m’intéresse à l’humain. Le coaching va me donner de la force pour filmer les autres, les faire réfléchir à des questions auxquelles ils n’ont pas accès. »
Demain ? Marie veut donner de son temps en s’ancrant dans des espaces intelligents et sincères. Elle réfléchit à un film sur le sentiment amoureux et pourquoi pas… se tourner vers la fiction.
Marie-Hélène Cossé
Faire parler les murs, son site de films, où vous pouvez allez voir ses documentaires, dont : Au guichet des allocs (2000), 40 ans le monde et nous (2009), On n’est pas des parents formidables (mais on peut essayer) (2013), La vie après l’alcool (2016), Année zéro (enfin la retraite) (2018).
Marie Agostini, coach, reçoit métro Duroc (marie.agostini2@gmail.com).
MIDQUESTIONS
-Votre plus belle réussite : Avoir réussi à dessiner ma vie à ma façon, nourrie par ma force et mon énergie.
-Votre plus grande angoisse : Être récupérée par quelque système que ce soit. Je me promène au gré de mes envies. J’ai élevé seule mes deux enfants.
-Une obsession ? Celle des fenêtres ouvertes.
-Un film que vous avez aimé ? L’économie du couple de Joachim Lafosse (2016)