♥ Isabelle de Tournemire, fondatrice de Parole de chien
par Marie-Hélène Cossé
Rien ne destinait Isabelle à ce métier, sauf peut-être son amour immodéré pour les animaux. Diplôme LEA en poche, le vent en poupe, elle commence par créer une société d’intérim qui marche bien jusqu’à la quarantaine où, après avoir quitté mari et boulot, elle fait un bilan de compétences qui lui révèle qu’elle est faite pour servir. Et puisqu’elle aime les chiens, elle décide de créer le concept de chiens-visiteurs dans les hôpitaux. « Ça existait outre-Atlantique depuis longtemps ». Elle rencontre Marie-Claude Lebret (voir portrait ci-dessous) qui la conforte dans son idée et lui donne un chiot pour se lancer. Isabelle teste d’abord son projet seule avec son chien, « je courais d’un établissement à l’autre toute la journée ! », avant de le développer et fonder son association Parole de chien.
Des chiens pour créer des liens. Aujourd’hui, Isabelle recrute, forme et suit une vingtaine de bénévoles qui circulent dans des hôpitaux et maisons de retraite de la région parisienne afin de créer du lien avec des personnes isolées. Bien souvent le fait de voir le chien leur fait remonter émotions et souvenirs. Chaque bénévole visite 5 personnes et reste 10 minutes avec son chien auprès de chacun. L’animal a une pause à mi-parcours pour lui permettre de souffler, car la star pendant la visite, c’est lui ! L’accompagnant n’est que son coach…
Chaque bénévole recrutée suit une formation collective d’un week-end dispensée par Isabelle et une équipe pluridisciplinaire (médecin gériatre, comportementaliste, vétérinaire, psychologue), tandis que son chien passe un test avec une spécialiste du comportement canin. L’animal doit avoir entre 2 et 8 ans, être très sociable avec les humains et les autres chiens, émotionnellement stable et bien éduqué. « Les Cavaliers King Charles et les Golden sont souvent de très bons chiens-visiteurs ». Les 3 premières visites sur le terrain se font en compagnie d’Isabelle.
Et demain ? La fondatrice de Parole de chien aimerait ouvrir un volet pour les enfants malades. « Mais ce n’est pas facile, car même si depuis plusieurs décennies des chiens visitent avec succès des enfants en hôpitaux Outre-atlantique et en Europe, la France freine sur l’hygiène. »
Avis aux amateurs qui ont un chien, un peu de temps (2 demi-journées par mois) et envie de partager les deux : Isabelle recrute des bénévoles ! L’association est soutenue par la mairie de Paris, mais surtout par des donateurs privés. Pour contribuer, c’est ici.
♥ Marie-Claude Lebret, fondatrice d‘Handi’Chiens
par Anne-Claire Gagnon
C’est grâce aux chiens que j’ai rencontré Marie-Claude Lebret, une femme d’exception, qui depuis 1987 croit dans un projet dont elle a fait une magnifique réalité, Handi’Chiens. « Je m’en souviens comme si c’était hier, quand j’ai vu cette émission d’Allain Bougrain-Dubourg, avec cette complicité d’une force incroyable entre une personne tétraplégique et son chien d’assistance. J’ai tout de suite pensé à mes élèves ! »
La pédagogie par l’exemple. Marie-Claude Lebret est enseignante à l’époque, à mi-temps en zootechnie (elle sait tout des vaches, qu’elle adore !) et à mi-temps au Lycée agricole d’Alençon, avec des élèves dans la filière sociale. « Les chiens d’assistance se sont tout de suite inscrits dans ma philosophie d’enseignante, une chance inouïe pour ouvrir mes élèves au monde extérieur et les mettre en situation. Quoi de plus social qu’éduquer un chien qui va devenir le compagnon d’un enfant handicapé ? En permettant à mes élèves de comprendre la réalité des personnes. »
Un attachement à ses racines rurales et filiales. Marie-Claude vient d’une famille d’éleveurs, avec un père qui éduquait remarquablement ses chiens (de vaches, de chasse) et a élevé ses enfants dans cette complicité fraternelle avec l’animal. Enfant, elle a été à bonne école et ne l’a jamais oublié.« J’ai cru tout de suite à cette complicité, car je l’avais vécue enfant, et cette foi ne m’a jamais quittée. C’est d’ailleurs grâce à elle que nous remettons aujourd’hui presque plus de chiens d’accompagnement social, de chiens d’éveil que de chiens d’assistance. Souvent à des enfants ! » Quand elle part en 1989 aux États-Unis, sur son temps de vacances, elle doit d’abord faire ses preuves auprès de l’association Canine Companions for Independence, qui ne badine pas avec les partenariats.
« Nous avons été soutenus par les Lion’s Club, les chefs d’entreprise. J’ai eu la chance que ma famille adhère à mon projet – mon mari et mes enfants ont toujours été à mes côtés – et d’être entourée de personnes de confiance, notamment Jean-Luc Vuillemenot (Association Française d’Information et de Recherche sur l’Animal de Compagnie). Les directeurs des maisons de retraite, d’instituts médico-éducatifs y ont cru, m’ont encouragée pour éduquer ensuite des chiens d’éveil, d’accompagnement. » Pour aider l’association ou faire un don c’est ici.
Une foi à toutes épreuves. « J’ai pleuré plusieurs fois en 30 ans, mais suis toujours repartie ! Et je ne regrette pas une minute d’avoir sacrifié une partie de ma vie (et tous mes loisirs!) à cette œuvre. Il faut toujours y croire et travailler dans la confiance. Aujourd’hui en retraite de l’enseignement professionnel, Marie-Claude Lebret est bénévole à plein temps pour Handi’Chiens. « Ma plus grande fierté, ce sont tous ces chiens remis à ceux qui en ont besoin; ils sont discrets, ils aident mais surtout ils aiment, savent mettre une patte sur le genou au bon moment, dans les moments difficiles… Ça n’a pas de prix.