Christine Ferber, la fée des confitures

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Celle qui a fait des confitures un art, une fête, célébrée et reconnue dans le monde entier, a donné la majuscule de son prénom, Christine, à sa discipline. Et nous a reçus dans son nid, perché au-dessus de Colmar.

Le goût des fruits

Christine Ferber est née dans une famille de boulangers-pâtissers qui, depuis trois générations, pétrissent le pain, décorent les kougelhopfs à l’année et les Christstolens à Noël. Dès 7 ans, elle était en pâtisserie. Son père lui promet qu’en devenant pâtissière, elle pourra voyager, et elle accepte l’école de boulangerie-pâtisserie en Belgique – Ceria, la seule à l’époque qui accueillait les filles – fait ses classes à Paris mais le voyage tourne court, car la boulangerie familiale la réclame. Alors elle qui n’a pas choisi son métier en développe un qu’elle va porter, depuis son si joli petit village de Niedermorschwhir, au firmament d’une profession qu’elle créée, celle des confiturières.

L’art de la confiture

Loin de toute industrialisation, tout en étant d’un professionnalisme scrupuleux à toutes les étapes de la fabrication, la réalisation des confitures de la Maison Ferber tient à la fois de l’art et l’artisanat, où tout est fait à la main. Du dénoyautage des cerises et griottes, jusqu’au remplissage des pots, dont chacun passe entre les mains de Christine, celle que tous appellent la Fée des confitures. Notamment au Japon qui écrit Confiture, en français dans le texte, avec un C majuscule comme Christine !

Des femmes en boulangerie

Aujourd’hui les femmes peuvent choisir de devenir pâtissières mais aussi boulangères, tout en ayant une vie personnelle, même si le métier exige toujours de se lever tôt. « Il faut savoir qu’on est là pour travailler quand les autres font la fête. » Tout en étant 90 heures par semaine au travail, elle choisit de faire voyager ses clients au pays des fruits. Pendant le confinement qui l’a durement éprouvée, avec le décès de sa maman qu’elle n’a pu revoir lors de ses derniers jours de vie dans un Ehpad, Christine a comme toujours relevé ses manches et offert dès début avril, avec son frère traiteur, des plats livrés et un menu étoilé le week-end. Un vrai bonheur de savoir que quelque part, au creux de la tourmente, une famille résistait et cuisinait des délices.

« Boulanger c’est un métier à penser, avec ces moments d’attente. On suit la pâte, ce n’est jamais elle qui vous suit. On n’impose rien à la matière, on ne la domine pas, on l’apprivoise. C’est le métier le plus vivant qui soit, avec le levain qui monte, jamais de la même façon ni au même rythme, en respirant l’atmosphère. »

Du pain et de la confiture, le bonheur à l’état pur

Sa marque de fabrique, les petits pois blancs sur un tissu framboise, c’est elle qui l’a choisi sur les conseils d’un ami, tailleur pour hommes. « Au début, je coupais moi-même, aux ciseaux crantés les chapeaux pour mes petits pots. » Et l’aventure continue désormais avec le bel atelier qu’elle a fait construire en un an, après 6 années de murissement, pour y préparer amoureusement ses confitures, chocolats et autres douceurs.

C’est à son père qu’elle doit sa belle sagesse, celle de se réjouir du bonheur des autres, de n’envier personne – une qualité précieuse entre toutes – pour continuer jour après jour à créer de nouvelles alliances sucrées, loin des modes, et pour notre plus grand plaisir.

Anne-Claire Gagnon

Maison Ferber
À lire : Le Larousse des confitures, La cuisine des Fées, Mes confitures, Mes tartes sucrées et salées

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