Ce surnom est trop sirupeux pour l’aventurière rebelle qu’était la navigatrice née à Paris, vite happée par les vents des océans qui gonflaient ses voiles à chaque départ de course. Une vie semée d’obstacles et d’accidents qui l’ont aguerrie, même quand la chance et les sponsors lui tournaient le dos.
La biographie officielle
Fille du directeur de la maison d’édition Arthaud, qui a édité Bernard Moitessier ou Éric Tabarly, elle commence à naviguer très jeune avec son frère Jean-Marie au club de voile d’Antibes mais, à dix-sept ans, Florence est victime d’un grave accident de voiture, dans le coma, puis paralysée, elle reste six mois à l’hôpital et met deux ans à se rétablir complètement, avec l’aide du père Michel Jaouen, un autre passionné de voile. C’est pendant sa convalescence qu’elle effectue sa première traversée de l’Atlantique avec Jean-Claude Parisis. Florence prend part à la Route du Rhum dès la première édition en 1978, et se classe 11e. S’ensuivront de nombreuses courses, le record de la traversée de l’Atlantique Nord à la voile en solitaire ou la Route du Rhum qu’elle remporte en 1990.
La biographie amicale
En 2010, pour le vingtième anniversaire de sa victoire, elle ne trouve pas de sponsor : « J’étais un peu dégoûtée. Ils avaient rouvert la course aux grands voiliers et j’avais l’intention d’y participer sur un immense trimaran, mais je n’ai pas réussi à avoir ce bateau, ils ont préféré le donner à un homme. Ça m’a définitivement dégoûtée et je me suis dit, bon, j’arrête. » Ce sera le début d’une nouvelle vie à terre, avec l’ouverture d’une galerie d’art contemporain « Chez Flow » à Marseille car elle aime la peinture abstraite et visite régulièrement expositions et musées. « Elle n’était pas marin comme un mec, c’était une bonne copine, grande fan de Johnny, entourée de rose, même dans son bateau, tout était rose. Elle habitait à Marseille, mais Méditerranée ou Atlantique, sa vie, c’était la mer. Dès qu’elle montait sur un bateau, son visage changeait. »
La biographie littéraire
C’est un Breton pur beurre, Yann Queffélec qui s’y est collé. « Elle n’était ni mon amante, ni mon amie, plutôt ma sœur d’affinités. Les mêmes démons nous tourmentaient : la famille, la société, la mer, une envie folle de partir loin, elle sur ces voiliers que j’aime tant … » Lui est convaincu que Florence n’a cessé de rechercher le danger « une femme raccommodée » après son accident, une vie où se mêlent alcool, abus de toutes sortes, des comportements risque-tout pour répondre à une certaine fureur de vivre. D’après l’auteur, « on ne voyait qu’elle, elle parlait tout le temps, mais au bout du compte, elle restait muette ».
Elle a su et affronter les grosses tempêtes et relever les défis que les éléments ont mis sur sa route, mais c’est l’air et non la mer qui a mis un terme à sa folle épopée.
Vicky Sommet
« Un vent de liberté » de Florence Arthaud (éditions Arthaud, 2010)
« La mer et au-delà » de Yann Queffélec (éditions Calmann-Lévy, octobre 2020)