Isabelle Sarfati, confessions plastiques

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Chirurgienne plastique, elle opère des jeunes, des vieux, des moches, des beaux, des fantaisistes et des réalistes, pour donner à chacun le visage qu’il souhaite offrir au monde comme à soi-même. Sans oublier de passer elle aussi sous le bistouri, une histoire de patients racontée avec humour et sincérité.

Les assassins de bonne volonté

C’est ainsi que le Moyen-Âge définissait les chirurgiens alors que la dissection des cadavres et l’étude de l’anatomie étaient interdites. Puis ce furent les Arabes qui établirent les bases de la chirurgie alors qu’en Europe, la médecine est exercée par le clergé et la chirurgie par les barbiers. La Grande Guerre accélérera les progrès de la chirurgie réparatrice et dans les années 60, on assiste à une avancée avec les injections de silicone. Isabelle Sarfati se lancera dans les années 90 avec la naissance de la lipoaspiration, la chirurgie cranio-maxillo-faciale, la médecine esthétique, les « fillings » (autogreffe de graisse), la chirurgie de l’intime (correction des organes génitaux) et la chirurgie post-bariatrique (redrapage des tissus après une perte de poids).

Notre corps nous définit

Le corps et le visage sont le reflet de notre vécu, de nos gênes, de nos maladies et de nos accidents de parcours et racontent à notre insu qui nous sommes et ce que nous avons traversé. C’est là que la chirurgie plastique peut agir en tant que remède ou nous forcer à l’oubli et devenir une arme de liberté. C’est au chirurgien de nous convaincre du bien-fondé d’une intervention, voire de plusieurs si le ravalement de façade souhaité est plus important. Ou, quitte à être étendu sur une table d’opération pour une intervention de rajeunissement du visage, changer ses prothèses mammaires, avec bandages et coquards géants à la clé, Isabelle Sarfati assume ses contradictions : « En postop, je suis chimique, combative et un peu exhibitionniste… »

Victimes consentantes

Si certains sont de véritables contre-publicités pour la chirurgie esthétique, d’autres sont addict. La reconstruction mammaire d’une strip-teaseuse qui danse avec un sein, la suppression de cicatrices d’une naturiste alors que « c’est important l’aspect en sous-vêtements, c’est la condition d’une vie sociale normale : se mettre en maillot à la plage, se déshabiller dans un vestiaire, devant un homme ou une vendeuse ». Le chirurgien esthétique est censé vendre du rêve. De la variation de poids importante qui a pour conséquence un sac cutané trop grand, « une chirurgie de tailleur pour dame » au transgenre qui veut des seins mais garder son pénis à celui qui souhaite grossir ses testicules pour en avoir quatre qu’il touchera pour lui porter chance lorsqu’il bluffe avant chaque partie parce qu’il est joueur de poker ! « C’est difficile de faire une effraction dans un corps sans comprendre ce qu’on vient y faire. »

« Il y a ce qu’on fait et ce qu’on a envie de dire. La chirurgie esthétique, c’est jouer avec la vérité ».

Vendeuse et consommatrice

Isabelle Sarfati subit sa première intervention à 25 ans pour une génioplastie avancée du menton pour cacher un grand nez ; à 30 ans, une liposuccion des cuisses pour mettre des robes moulantes mais toujours pas de short ; à 34 ans, se fait « bomber le front » ; à 40, les paupières supérieures ; à 45, les prothèses mammaires ; à 50 un lifting et elle s’injecte elle-même acides hyaluroniques et Botox pour lisser son visage. Isabelle Sarfati n’a pas l’intention d’en rester là et ses patientes non plus. Avec toujours au fond la peur d’être ce qu’on appelle « une victime de la chirurgie esthétique ! ».

Histoires plastiques d’Isabelle Sarfati aux éditions Stock (février 2018)

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