Les filles du père Noël

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Réveillonner dans la maison du père Noël, qui a laissé la main (verte) à ses filles et désormais à ses petites-filles, est un bonheur qui permet de prendre l’air pur de la campagne et remettre les pieds sur terre. Car si le père Noël habita le Nord, ce fut un artisan des fleurs, horticulteur de métier.

Des femmes de caractère

Le père Noël avait une théorie : « les filles, ça ne fait pas d’études, ça épouse le métier de son mari ». Aucune des trois ne voulait reprendre le flambeau, mais malgré leurs tempéraments bien trempés, ces trois femmes de caractère ont dû mettre leur mouchoir sur le choix de leur métier. Elles sont devenues horticultrices, et donc cheffes d’entreprise, autonomes, indépendantes, sans crainte, sur d’autres sujets, de tenir tête à leur père Noël de papa !

Un matin, un peu pressée, sur le principal boulevard de Lille, l’une d’elles fait une queue de poisson à une voiture. Laquelle au feu suivant se range à sa hauteur, baisse sa vitre et le conducteur l’apostrophe : « Je suis commissaire de police ! ». Réplique de l’intéressée au quart de tour en démarrant avec panache : « Moi, je suis la fille du père Noël ! »

Cultiver les fleurs avec passion

N’allez pas dire qu’elles sont fleuristes, car elles sont fières d’être horticultrices même si la première génération des filles du père Noël reconnaît que ça n’a pas été un métier facile. Les marchés, six jours sur sept, avec le vendredi comme jour de presque congé, pour Marie-José, l’aînée. Sur les marchés à Lille et aux environs, on les reconnaît car leurs fleurs ont la vitalité de la proximité : elles sont nées, ont grandi et viennent de leurs serres, bichonnées avec soin de leurs mains. D’ailleurs, la jeune génération, formée à l’art floral, vous accueille également dans ses serres à Willems. Depuis plus de 40 ans, place du Concert, à Wazemmes, à Fives ou La Madeleine, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, les filles du père Noël sont fidèles à leur clientèle, qu’elles reconnaissent, accueillent et réconfortent, y compris quand un endeuillé leur commande « les fleurs que ma femme aimait tant » pour l’accompagner au cimetière.

Le grand-père, Eugène Noël, jardinier de châteaux, et son épouse Louise, native de Roubaix peuvent être fiers de leurs six descendants, tous dans les fleurs. La branche du père Noël, au joli prénom de Joseph, avec 3 filles aujourd’hui grand-mères, prouve qu’à Lille les fleurs ont pris racine dans la famille.

Anne-Claire Gagnon

Fleurs Duchâtel

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