En suivant son mari en expatriation pendant 18 ans, Marie-Anne a pu mesurer à quel point l’accueil était vital pour toutes les femmes d’expats, non seulement à leur arrivée sur le sol étranger, mais également à leur retour en France. Quoi de plus normal pour elle, donc, que d’y consacrer une partie de son temps aujourd’hui.
Accueil et ancrage
Née aux Pays-Bas de parents hollandais, Marie-Anne arrive en France à 6 ans. Arès avoir fait ses études au Lycée international de Saint-Germain-en-Laye et des études littéraires en France et aux États-Unis, elle commence par travailler pour l’OCDE. « Je voulais avoir une identité, me stabiliser, avoir un métier. » Assez vite elle se marie avec un Français. Ils partent vivre en expatriation où ils passeront 18 de leurs 35 années de mariage : Allemagne à plusieurs reprises, Bruxelles, Londres et dernièrement Sao Paulo. Elle y sera professeur de langue, s’impliquera dans des associations caritatives et se consacrera à la peinture. « Quand les femmes d’expats partent à l’étranger, elles ont besoin en arrivant d’ancrage, d’accueil, pour éviter à tout prix de se recroqueviller et de rester dans leur cercle », explique Marie-Anne. Elles n’ont pas d’autre choix que celui de s’ouvrir, partir à la découverte du pays et des autres. C’est donc très naturellement qu’elles se tournent vers les accueils français à l’étranger afin de pouvoir intégrer un groupe amical d’entraide.
« On n’a pas sa famille ni ses amis, les liens avec les gens rencontrés sont instantanés. Des inconnus deviennent des bons amis. »
Le retour est difficile
Préparés et conscients de devoir s’adapter et évoluer en partant à l’étranger, les expats sont plus rarement épaulés à leur retour, qu’il soit temporaire ou définitif, alors qu’il représente une étape à part entière. Il faut appréhender au mieux le « choc culturel inversé », reprendre ses marques avec un regard différent. Les femmes accompagnantes ont besoin à la fois de retrouver leurs repères et de revivre l’ouverture et l’entraide qu’elles ont connues à l’étranger, car si les plus jeunes travaillent, ce n’est pas le cas de la plupart dont le mari revient plutôt à Paris en fin de carrière.
« Personne ne vous attend vraiment, notamment à Paris. La femme qui vient de poser ses valises et qui ne travaille pas, très vite, se dit et maintenant je fais quoi ? »
Un vaste programme
Marie-Anne a rejoint dès son retour en France Paris Accueil¹, association membre de la FIAFE², entièrement gérée par des bénévoles, qui accueille en Ile-de-France non seulement les expatriés francophones en France, mais les Français qui rentrent d’expatriation. L’association aide non seulement à créer des liens, à trouver un appui moral et de l’aide pour gérer au mieux les difficultés liées au retour en France, mais propose avant tout dans le but d’échanger et partager de nombreuses activités, ludiques, caritatives ou sportives, ateliers, conférences, visites culturelles, cafés rencontres. Le programme est vaste ! La quarantaine de femmes qui animent ont en commun d’avoir passé plusieurs années à l’étranger. Marie-Anne, quant à elle, organise des marches sur les quais de Seine les lundis après-midi, « Les marches sont un excellent vecteur d’intégration! », et co-organise également des mini-conférences sur le thème de « Ma vie là-bas » pendant lesquelles une femme vient parler du pays où elle a vécu en expatriation. « Tout ce qui n’existe pas est à créer ! »
« J’ai toujours trouvé à titre personnel que l’accueil était primordial, quelque chose qui changeait tout. Quand on a été bien accueilli, on accueille bien à son tour et la vie en est tellement plus belle ! »
Un pied dans le monde, un pied en France, quatre enfants qui se sentent citoyens du monde, un sens inné de l’hospitalité que j’ai pu mesurer quand elle m’a reçue chez eux, de passage dans le petit village d’origine basque de son mari, Marie-Anne se consacre aujourd’hui à sa famille, sa peinture et…. l’accueil des autres !
Marie-Hélène Cossé
¹Paris Accueil, association créée en 2015 sous le nom de France Retour Accueil
²Fédération des Accueils Français de l’Étranger
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