Belle rencontre cette semaine que ces deux femmes peintres devenues amies par hasard, chacune admirant l’autre pour ce qu’elle n’est pas, à la peinture si différente mais pourtant complémentaire, le travail de l’une éclairant celui de l’autre, avec la poésie pour dénominateur commun. Deux destins particuliers qui se croisent et s’entremêlent sur fond d’amour du voyage.
Anne-Marie : sans savoir dessiner un mouton
Fille d’un marchand de tableaux, Anne-Marie Nilsson passe son enfance avec des grands peintres (Picasso, Picabia, Mathieu). Elle commence sa carrière comme rédactrice de mode à New York chez Vogue, puis de retour à Paris chez Elle, 20 ans Magazine, l’Officiel de la Mode. Du jour au lendemain, il y a 20 ans, sans savoir dessiner, elle arrête tout et devient peintre. « Mon père n’aura jamais su que j’allais peindre ! » Les gens de la mode avec qui elle a travaillé toutes ces années (photographes, mannequins) l’aident à se lancer. Elle expose dans le monde entier (New York, Angleterre, Suisse…). L’artiste aime les petits formats, utiliser des matériaux naturels, des petits pinceaux avec des pigments, des mélanges à la gomme arabique.
« Mon inspiration ? La peinture est un travail de couleur, j’adore celles de l’Inde. Je suis dans la vie, j’aime voyager. J’utilise les plantes de l’herbier que j’ai commencé à l’époque de Vogue. »
Michèle-Anne : née une plume à la main
Dès son plus jeune âge, Michèle-Anne Bouché commence à dessiner. Avec une plume. Elle se marie très jeune, à 18 ans, et fait les Arts Déco. À 24 ans, la jeune mariée suit son mari en expatriation où ils vont passer une bonne partie de leur vie. Elle ne cesse jamais de peindre où qu’elle soit (Océan Indien, Niger, Tahiti, Nouvelle Zélande, Liban…) ni d’exposer. Michèle-Anne aime avant tout découvrir de nouvelles techniques et en changer. Elle fait de la peinture aquarelle, à l’huile, puis elle rencontre un vietnamien peintre et graveur qui lui enseigne la gravure. Elle découvre la peinture abstraite (pastels gras) au Liban et celle des paysages au point en Nouvelle Zélande.
« Mon inspiration ? Les voyages. J’adore les déserts ! J’en connais 8. J’ai toujours beaucoup travaillé car nous avions peu de vie sociale. »
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres
Michèle-Anne rentre en France en 2000. Elle s’installe dans l’atelier qu’elle a acheté quelques années auparavant à une couple de peintres rue Schoelcher dans un immeuble construit en 1922 qui ne comptait alors que des ateliers d’artistes et où Simone de Beauvoir séjourna entre 1955 et 1986. « D’avoir vécu à l’étranger, je n’avais pas les codes. » Elle rencontre par hasard Anne-Marie, séduite par son originalité : « elle est hors norme ! » Sa nouvelle amie est fascinée par sa technique. Très vite elles exposent ensemble et depuis 2012, une année sur deux, dans l’atelier de la rue Schoelcher : « Nos tableaux se mettent en valeur étant donné leur différence. Nous avons un point commun : la poésie ! »
Belle inspiration pour nous que le travail, l’énergie et la soif de vivre de ces deux Anne : Michèle pour l’une, Marie pour l’autre !
Marie-Hélène Cossé