Transmettre, c’est confier à la génération qui vient ce que nous avons reçu de celle qui s’en va. Or nos sociétés occidentales sont en mal de transmission et notamment celle, essentielle, qui passe par les femmes. Nabila Chemillier à la quarantaine décide de remettre en cause sa vie et de se tourner vers valeurs inculquées dans son enfance par sa grand-mère.
Souvenirs d’enfance
Nabila a grandi en Tunisie en compagnie de ses deux sœurs sous le même toit que leur grand-mère, veuve très jeune, qui veillait sur elles tandis que leur mère travaillait. « Grand-mère, qui le tenait de sa mère, nous a appris à tout faire. Elle nous a surtout initiées à l’art du soin et au souci du travail bien fait. Elle était très coquette, passait des heures à se préparer et ne sortait de chez elle que si elle était impeccable. Elle avait une peau d’une douceur et d’une luminosité incroyable. Nous devions participer à ses rituels de soin au cours desquels elle nous tartinait corps et visage de crèmes et d’onguents. Nous avions un grand jardin où nous devions l’aider à ramasser et trier, au gré des saisons, sous son œil exigeant, les fleurs pour fabriquer les huiles essentielles (géranium, rose, néroli). J’étais préposée à refroidir l’eau de l’alambic. Mon meilleur souvenir reste l’odeur et le goût de la fleur d’oranger apaisante qu’elle nous donnait le soir pour dormir. »
Le travail sans fin
Après des études de maths et finance, Nabila travaille pendant 20 ans dans une compagnie d’assurance « de 7h00 à 22h00, y compris le samedi matin, avec des prévisions de compte sans fin… ». Un nouveau pépin cardiaque à la quarantaine lui sert de déclic et elle décide de tout lâcher. Elle commence par s’occuper de ses deux enfants pendant six mois sans rien faire d’autre… puis un jour ses sœurs lui disent : « Reprenons ce que nous faisions avec grand-mère. »
Trois sœurs
Les sœurs lancent la marque L’Odaïtès¹ en septembre 2014 après deux ans et demi de travail pour développer les produits. Alya, l’aînée, pharmacienne qui a créé son propre laboratoire pharmaceutique, a la mémoire des formules de sa grand-mère. Elle les ré-écrit en y ajoutant son savoir. Sofia, la seconde, prof de chimie à la fac, s’occupe de chercher matières premières. Nabila, la dernière, assure com, finance et marketing. Leur fil conducteur ? Arriver à garder les ingrédients dans leur forme originelle afin de garder leurs vertus et leur cohérence pour obtenir un produit homogène combinant qualité et naturel.
La marque propose aujourd’hui cinq soins cosmétiques au naturel pour lesquels le trio a réussi à préserver la sève de dattes aux vertus anti-âges confirmées par de nombreuses études bibliographiques et à garder le néroli de leur enfance, actif très précieux puisqu’il faut une tonne de fleurs pour en fabriquer un litre.
Soigner sa peau pour avoir de l’éclat
Après 30 ans, la peau a besoin d’être régénérée, il faut donc apprendre à bien la soigner très tôt, nous explique Nabila, la nettoyer avant tout matin et soir, car même sans pollution la peau produit du sébum et des cellules mortes. Puis bien l’hydrater afin de permettre à la peau d’absorber les actifs contenus dans les crèmes. Le métabolisme de régénération de la peau se mettant en route vers minuit/2h00 du matin, il faut nourrir sa peau avec des principes actifs le soir, en la massant gentiment pour activer et lancer le moteur.
« Chez une femme mature ce qui important ce ne sont pas les rides qu’elle porte, mais la lumière et l’éclat qu’elle irradie grâce au soin qu’elle apporte à sa peau. »
Bel exemple de retour aux sources ! Hannah Arendt disait « nous sommes responsables de la continuité du monde ». Reprenons comme Nabila le chemin de la transmission, interrogeons nos mères et nos grands-mères avant qu’elles ne disparaissent et transmettons leur savoir et le nôtre à nos filles et petites-filles !
Marie-Hélène Cossé
¹Dieu grec inventeur des festins, l’idée des trois sœurs étant d’offrir un festin à la peau.
L’ODAÏTÈS