Quand une battante infatigable traverse l’existence, cela donne un beau portrait de femme férue d’innovation et de création, passant d’une affaire familiale qu’elle dirigea pendant des années, diversifia puis revendit à sa nouvelle passion venue d’Afrique du Sud : le travail du cuir d’autruche.
Quand ses deux parents meurent brutalement, Odile Texier a 19 ans et demi et suit des études de sciences éco à Assas. Son père possédait une société d’importation et de négoce de moutons, trois structures employant une trentaine de personnes. Pour elle, c’est alors une évidence : elle se doit de reprendre l’affaire familiale… bien que le sujet ne soit pas des plus féminins. Et ça marche ! En parallèle, la jeune femme finit néanmoins sa maîtrise et son doctorat de sciences éco : le lundi elle est à La Villette, les mardi, mercredi et jeudi à la fac, le vendredi et le samedi elle s’occupe des deux autres affaires ! Le temps passant, elle regroupe les trois entités en une seule : c’est la naissance de Sovintex.
« Je n’ai jamais joué de ma féminité ou de mon malheur. On m’a aidée. »
Ses trois enfants devenus grands, Odile décide en effet de re-dynamiser l’affaire familiale et de la diversifier en se lançant dans les produits de la mer. Sa motivation ? Toujours chercher à innover, à faire partager une idée nouvelle. Elle est ainsi la première à importer le filet de poisson prêt à déguster et la patte de king crabe d’Alaska. En 2009, fêtant une nouvelle décade, elle décide qu’il est temps de passer à autre chose. Elle vend sa société qui ne s’occupe désormais plus d’ovins, mais que de poissons et crustacés.
Odile a travaillé quelques années auparavant avec le plus grand producteur mondial de viande d’autruche en Afrique du Sud, fort de 30 ans de savoir-faire et dont la tannerie située à 400 km à l’est du Cap est impressionnante. Les autruches sont élevées pendant 12 à 14 mois sur des hectares dans une vallée du bush. Cette fois-ci ce n’est plus à la viande qu’Odile s’intéresse, mais au cuir produit à partir de la peau de ce drôle de volatile qui est le plus résistant de tous. C’est aussi le plus souple, le plus léger et et le plus facile à teindre. Elle décide alors de se lancer dans la fabrication d’articles¹ en cuir d’autruche et d’offrir ainsi l’opportunité d’avoir un sac, une ceinture, une pochette dans cette matière d’exception à un coût abordable puisqu’il n’y a ni intermédiaire ni boutique. Elle va choisir ses peaux une à deux fois par an sur place (les plus belles, les zéro-défaut, sont choisies par Hermès…) et elle fait fabriquer ses créations sur place dans un atelier du Cap. Son concept ? Mettre en avant la beauté naturelle du cuir à travers des formes simples, sans utiliser de pièce métallique et rendre accessible une maroquinerie de luxe rare.
Les articles existent dans divers coloris et mariages : tangerine (couleur fétiche d’Odile), corail, brandy, taupe, noir, vert amande, bleu impérial ou glacier… « Attention ! » avertit Odile, bien que la peau soit reconnaissable entre toutes grâce à ces perles qui lui donnent son apparence unique, il existe beaucoup d’imitation… Les cuirs qui ne sont pas d’autruche ne durent pas toute la vie et ne se patinent jamais. « Plus la peau est portée, plus elle se patine et devient belle et donne ce rapport sensuel qu’on peut avoir avec l’objet fabriqué dans ce cuir particulier ». Paroles et expérience d’une passionnée.
Marie-Hélène Cossé
Oskin – Showroom – 8 rue de Tocqueville – 75017 – Paris sur rendez-vous : odile.texier@oskin.fr
¹Sacs à mains, cabas, porte-monnaie, porte-feuille, porte-clés, porte-lunettes, pochettes, ceintures, etc.