Rykiel a rejoint Sonia

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Trois ans après la disparition de l’emblématique styliste, on a appris, cet été, que –faute de repreneurs- la marque Sonia Rykiel allait définitivement quitter le paysage de la mode. Pour quiconque a bien connu cette griffe 100%  parisienne, son succès phénoménal jusque dans les années 2000 et la richesse de son ADN, impossible de ne pas avoir le sentiment d’un immense gâchis … et une petite larme à l’œil.

« J’ai toujours estimé que la mode demandait une Attention avec un grand A et, surtout, une immense tendresse pour les corps. Une robe ne peut pas vivre sans le corps. Ce qui compte, c’est l’allure, la pose, la manière de se tenir. Une robe est réussie si tout le monde se retourne sur la femme qui la met. Aujourd’hui, les créateurs ont oublié les femmes qui portent leurs robes. »

Le Rykiélisme

C’est en mai 1968 (çà ne s’invente pas) avec un pull, -un tricot disait-on à l’époque-, que Sonia Rykiel ouvre sa première boutique rue de Grenelle, s’inscrivant ainsi dans le Saint-Germain-des-Prés libéré et intellectuel des années 70. Elle y crée sa signature : un petit pull court, prés du corps et éminemment chic. Elle invente la « démode » ou Rykièlisme qui, au delà d’une tendance, est une véritable philosophie. Mouvement féminin fondé par Sonia Rykiel en 1968 à Saint-Germain-des-Prés, Paris, Rive Gauche, le Rykiélisme prône la libération des femmes par la sensualité, l’intelligence et l’irrévérence.

Des rayures colorées

Baptisée Reine du tricot par le Women’s Wear Daily, Sonia Rykiel imagine ensuite toutes sortes de pulls,  ajoute des rayures colorées– aujourd’hui emblématiques de la maison- des strass, met les coutures à l’envers, revendique l’absence d’ourlets et de doublures et fait l’apologie du noir. Ses créations, libres et impertinentes séduisent des femmes aussi émancipées qu’elle, comme Catherine Deneuve, Jacqueline Onassis ou Lauren Bacall. Sonia Rykiel impose alors son style : elle invente et incarne l’esprit Rive Gauche.

Pétiller de joie

Alliant transgression et élégance, elle imagine une Parisienne féminine, libre, joyeuse et audacieuse.  La silhouette Rykiel est longue et proche du corps sans jamais le contraindre. Sur ses pulls rayés s’affichent des mots–slogans «  Heureuse » « Sensuelle », « Artist » qui sont autant de reflets de l’esprit de la créatrice. Dans un récent hommage à Sonia Rykiel, Carla Bruni évoque « son grand talent, son intelligence brillante et son sens unique du vêtement » et se souvient que «  les défilés Rykiel pétillaient de joie ».

À l’époque, il n’était pas de bon ton, pourtant, de sourire sur les podiums. Un mannequin manquant de la  gravité requise ne s’était elle pas entendue dire : « Mais enfin, vous n’êtes pas chez Rykiel ! » Sonia Rykiel, elle, tenait par dessus tout à ce détail rare : le sourire de ses mannequins et les défilés…  comme une fête.

« La mode : discipline dure qui demande une énergie folle. Un vêtement s’essaie plusieurs fois, se travaille, se dépique, se repique, se calcule, on change le col, la couleur du bas, il faut rester devant lui, lui parler, attendre. Et puis recommencer. »

Sonia aura vécu sa mode comme sa vie, libre et irrévérencieuse, mais Rykiel n’aura pas su se passer du souffle « Rykielissime » de sa géniale créatrice !

Véronique de Labarre
Créatrice du site d’accessoires de mode en ligne Tipthara

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