Malgré leurs opinions divergentes, Simone Veil qui a consacré sa vie hier à la dignité humaine, Élisabeth Borne qui porte aujourd’hui son gouvernement par sa force de caractère et Louis Boyard dans son combat pour la génération de demain à laquelle il appartient ont tous les trois en commun une forte implication et engagent toute leur énergie dans ce qu’ils croient bon pour la France.
Simone Veil, inspirante et intemporelle
Femme politique, ministre de la santé, élue au parlement européen et académicienne, Simone Veil fut avant tout une femme inspirante qui a lutté pour ce qui lui semblait juste. Sa vie est la parfaite représentation des combats du XXe siècle, que ce soit sur le plan historique, car c’est une rescapée des camps de concentration nazis, mais aussi politique lorsqu’elle se consacre à la construction européenne et à la réconciliation franco-allemande. Le mouvement #MeToo et la libération de la parole des femmes d’aujourd’hui font écho à son combat pour la légalisation de l’avortement d’il y a presque cinquante ans. Plus que jamais ce que l’on croyait acquis est encore fragile*. L’engagement de Simone Veil, que ce soit pour améliorer les conditions des détenus dans les prisons ou encore permettre aux femmes d’avoir recours à un avortement sans encourir la mort, est plus que jamais au coeur des questionnements d’aujourd’hui.
*Cf. la récente abrogation le 24 juin 2022 de la loi Roe vs. Wade aux États-Unis qui laisse la possibilité de pénaliser l’avortement.
En consacrant sa vie à ses convictions et en voulant léguer aux générations futures un continent où règne la paix grâce à la construction européenne, Simone Veil est devenue une femme intemporelle qui a contribué à l’héritage qui a posé les bases de notre société actuelle.
Élisabeth Borne, courageuse et combattante
Technocrate ayant occupé différentes fonctions, de directrice de la RATP à député puis ministre, Élisabeth Borne, femme politique, est nommée première ministre le 16 mai 2022 par Emmanuel Macron. C’est la deuxième femme à accéder à ce poste sous la Ve République. Même s’il est possible de questionner ses choix politiques, comme le font la majorité des Français aujourd’hui, on ne peut lui enlever le courage et la bravoure dont elle fait preuve en exerçant ce poste à grandes responsabilités. Pupille de la nation qui a fait de brillantes études, il est important de souligner son intelligence et sa détermination tout au long de sa carrière. En acceptant de porter la réforme des retraites, la première ministre apparait non comme une écervelée qui se jette au feu mais comme une femme politique qui souhaite légitimer ses convictions et affirmer son statut de première ministre. Aussi prestigieux soit-il, son poste au gouvernement fait d’elle le fusible entre les Français et le président de la République et démontre une volonté forte, voire même une certaine fermeté, que l’on ne retrouve pas forcément chez ses collègues masculins.
Qu’on l’aime ou la haïsse pour ce qu’elle représente, on ne peut nier sa détermination et apprécier qu’un des postes les plus importants de l’État soit tenu par une femme, voire peut-être même s’inspirer de son sérieux pour ne plus avoir peur d’accéder à des postes dits « masculins ».
Louis Boyard, jeune et affranchi
Jeune député âgé de 22 ans de la 3e circonscription du Val-de-Marne du groupe NUPES, Louis Boyard malgré sa jeunesse n’est pas un petit nouveau dans le milieu de la politique. Il est connu localement pour plusieurs mobilisations comme lorsqu’il se dresse avec ses camarades contre le département après la découverte d’amiante dans son lycée ou encore lorsqu’il participe aux diverses manifestations des gilets jaunes. S’intéresser à Louis Boyard permet de soulever la question suivante : à quel âge pouvons-nous avoir suffisamment de crédibilité pour rentrer en politique et surtout être entendu ? On aime à dire que les jeunes ne se sentent plus concernés par la politique. Toutefois le cas de Louis Boyard prouve le contraire. L’utilisation des réseaux sociaux lui permet d’atteindre un public plus jeune et de susciter son intérêt. De la même manière, ses diverses apparitions dans des médias plus traditionnels lui permettent de se faire connaître et d’atteindre un public plus large. Il arrive à mobiliser les jeunes en faisant de la cause étudiante son cheval de bataille. En les sensibilisant aux débats de société comme la réforme des retraites, il casse l’image d’une jeunesse dépassée et imperméable aux grandes questions sociétales. Au contraire, il en fait le symbole du renouveau et de l’avenir.
Pour lui, investir dans la jeunesse et lui porter de l’attention, c’est assurer un avenir aux institutions et les reconnecter entre elles. Au fond, n’est-ce pas positif de constater que la jeunesse se soucie toujours de la politique et qu’elle se l’approprie en élisant des jeunes qui portent leur voix comme le fait Louis Boyard ?
De Simone Veil à Louis Boyard en passant par Élisabeth Borne, les convictions sont différentes, les armes aussi, mais l’engagement reste fort et s’adapte aux changements du monde. Tant qu’il y aura des idées et des causes à défendre, il sera possible de compter sur la transmission d’une génération à l’autre de l’importance fondamentale de se battre pour ses droits et les institutions.
Emma Kampf
Étudiante en Licence III d’Histoire à la Faculté des lettres de Sorbonne Université
Article écrit dans le cadre de son projet de mémoire en collaboration avec Mid&Plus*
*Mid&Plus a au printemps 2023 à la demande de la Sorbonne piloté quatre étudiants effectuant leur stage de fin de licence au sein de notre rédaction, afin de les sensibiliser et commencer à les former au métier de journaliste. Ils ont choisi de traiter du thème de l’engagement, qu’il soit littéraire, artistique, sportif ou politique, appliqué à deux femmes et un homme d’hier, aujourd’hui et demain, choisis selon leur domaine d’intérêt.
Marie-Hélène Cossé et Vicky Sommet