Diplômée de l’École Élisa Lemonnier, Simone Pérèle a commencé à fabriquer des soutien-gorge à la maison mais le succès étant au rendez-vous, elle doit embaucher du personnel qualifié et s’adjoindre les compétences de son mari. Ainsi est née la lingerie Simone Pérèle.
Une femme d’intuition
Des matières rigides, pas de profondeur de bonnet, c’est ce à quoi ressemblaient les soutien-gorge des années 50. Simone Pérèle développera et mettra en valeur la silhouette féminine et sera une des premières à utiliser le Lycra. Le soutien-gorge ne servira plus seulement à soutenir mais aussi pour que la femme se sente bien physiquement et moralement, en un mot pour qu’elle se fasse plaisir. « Les différentes profondeurs de bonnet naitront mais il n’était pas encore question de marier soutien-gorge et culotte, la parure n’existait pas » me confie Catherine Pérèle, sa fille. La durée de vie de la lingerie était très longue, pas question de suivre la mode et pas encore la notion de collection. « On portait des fonds de robe, des combinaisons, mais Maman avait innové en répondant aux aspirations des femmes de l’époque. »
Une lingerie de séduction
Le soutien-gorge sans armature, les pinces « Soleil », on le leur doit. « Nous étions à l’écoute du temps, du temps générationnel, et notre force c’était de suivre ce temps. Écouter les femmes était une démarche complètement révolutionnaire pour l’époque ». Catherine Pérèle, elle, se destinait à suivre des études d’histoire de l’art en commençant par l’École du Louvre mais, suite aux évènements de mai 68 qui ont supprimé les examens, elle qui se disait nulle en maths, s’inscrit à l’Université Dauphine où Edgar Faure met en place un cursus économie sans mathématiques. Mais la réalité fut autre et elle intégrera l’entreprise familiale avec pour désir d’être dans l’air du temps à son tour.
Une saga familiale
Vendue à l’international, présente dans 80 pays, la seconde génération -Catherine et son frère- a développé à partir des années 70 la marque pour contenter à la fois celles qui ne s’attachent qu’à l’apparence tout comme celles qui privilégient la lingerie qui ne se voit pas. Aujourd’hui, il y a une continuité patrimoniale, Stéphanie Pérèle, sa petite-fille, et son cousin continuent à travailler au développement de l’entreprise en prenant en compte les changements de comportements des clientes, absence de fidélité à une seule marque, achats sur Internet et disparition des détaillants. « Seules les contraintes physiques influent sur les choix des femmes, seconde peau ou parure sophistiquée, les Russes veulent de la broderie et de la dentelle raffinée, les Américaines préfèrent l’invisible ; aussi la force d’une marque, c’est savoir s’adapter à la culture d’un pays. Dans l’âme de l’entreprise, la fabrication des produits, le respect des personnes qui travaillent avec nous, nous sommes restés fidèles à ce que voulaient mes parents et je suis fière d’avoir pu continuer à maintenir ce qu’ils ont créé ».
Vicky Sommet