De 7 à 97 ans, qu’on le dise modestement ou joyeusement, savoir coudre ses vêtements est jubilatoire. C’est moi qui l’ai fait! La machine à coudre est la meilleure amie de notre moral et de notre budget. Un manteau en mohair pour 45€, un top blanc en lin pour 4€ et quelques heures de patience, et nous voilà habillées de la tête aux pieds.
C’est moi qui l’ai fait ! La langue française a clairement été cousue de fil blanc par es petites mains, et même si l’orthographe nous a donné du fil à retordre, savoir coudre un nounours ou un petit rien bordé de rose pour une naissance, recoudre ses boutons (et ceux de nos proches), glacer une doublure (pour qu’elle ne se vrille pas à l’insu de notre plein gré, entre nous et notre robe) sont des activités plus que récréatives. La couture est à la fois une école de patience – ma prof de couture a passé sa première journée d’apprentissage à coudre et découdre un seul et même col, pour vérifier qu’elle avait bien de bonnes dispositions – et un atelier de création permanente. Car dès qu’on attrape le virus des tissus, un rien nous habille et nous va comme un gant.
Cousu main ! C’est aussi une école de pleine conscience – on connaît ses rondeurs au centimètre près – et d’acceptation de la biodiversité. À mon cours de couture, tous les âges et toutes les tailles sont représentés. Et nous avons toutes la même joie à réaliser des modèles qui tombent à la perfection, cachant les fesses de l’une, mettant en valeur la poitrine de l’autre ou donnant du bombant et une assise impeccable aux galettes des nouvelles chaises de cuisine. De la couture à la déco, il n’y a qu’un dé qui glisse sur le doigt ! L’avantage du cours c’est de progresser avec l’aide d’une professionnelle, couturière aux mains de fée, sans se décourager même si on fait et on défait plus d’une fois. Car à coudre seule on s’inflige parfois de sacrées déconvenues – comme lorsque j’ai cousu ensemble les deux jambes d’un pyjama, le plus beau fou-rire de ma grand-mère, elle qui fut culottière. « C’est un métier, ma petite-fille ! »
S’habiller d’un rien. Depuis la nuit des temps, les champs de lin des Flandres ont alimenté les filatures, les bateaux ont apporté en Belgique les soies du bout du monde, et aujourd’hui encore la fièvre acheteuse rassemble des centaines de femmes au StoffenSpektakel, pour tâter des étoffes, rêver devant un motif, et succomber à la tentation d’un tissu qui plaît.
Les couleurs, les textures et la joie d’être habillée de la gorge aux genoux sont un bonheur clairement addictif et une véritable thérapie. Pour se réconcilier avec sa morphologie et prendre le temps de prendre soin de soi, en se concentrant sur son ouvrage.
Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres
Où apprendre à coudre ?
-La Manufacture de Roubaix
-Les mairies offrent de nombreux cours de couture partout en France, tout comme certains organismes, qui recrutent des couturières professionnelles devant la croissance de la courbe des demandes.
-Cours de couture
-Cours municipaux adultes Paris
-La Maison Cousu