L’infidélité n’est pas toujours le signe d’un désamour. Peut-on aimer plusieurs personnes à la fois ? Et tromper, est-ce éprouver un sentiment pour un autre être, un besoin de se prouver qu’on peut toujours plaire ou une manière de retrouver une partie de soi qu’on a perdue en route ?
Adultère, infidélité ou poly-amour, de quoi perdre son latin
Les relations des couples d’aujourd’hui sont variées. Les amours infidèles suscitent toujours des réactions mitigées, positives ou négatives, mais les personnes concernées ont souvent envie de comprendre pourquoi elles en sont arrivées là. La morale a-t-elle sa place dans ces comportements, tout comme la religion, les serments, la famille ou la société ? Sans oublier la notion de secret qui entoure l’infidélité et l’immunité contre ce choix n’existe pas. Histoire d’amour ou idylle passagère, rendez-vous galant ou coup d’un soir, la monogamie ne serait pas naturelle pour l’être humain.
Pourquoi trompe-t-on?
♠Un couple qui va mal,
♠Certains fuient une intimité trop lourde,
♥D’autres en cherchent une nouvelle,
♦Un acte de résistance ou un signe de lâcher-prise,
♥La révélation d’un sentiment jamais éprouvé auparavant.
Le divorce, le nouveau déshonneur
Si la trahison sexuelle n’a souvent pas d’explications, elle fait toujours mal à la personne délaissée. Ce n’est pas toujours une affaire de sexe et de mensonges. Cela peut être un désir non satisfait, des peurs ou des barrières, la passion et l’attraction irrésistible, le soulagement ou la culpabilité. Si l’amour est compliqué, l’infidélité le serait encore plus. Pour certains, le divorce n’est pas la solution car on peut recréer une nouvelle vie ensemble, une fois le cap passé de l‘infidélité. Les experts¹ définissent un effet acteur-observateur, tout dépend de quel côté vous vous placez :
« Si vous trompez votre partenaire, vous êtes égoïste et faible, si moi, je le fais, j’ai des circonstances atténuantes ! »
L’amour moderne
La quête effrénée du bonheur nous incite à nous soucier de nous en priorité. Nos désirs n’ont pas changé mais nous pensons mériter de les satisfaire, jusqu’à être infidèle si nécessaire. Mais pour ceux qui découvrent l’infidélité de leur partenaire, c’est une douleur, un tsunami, un tourbillon de sentiments que les psychologues assimilent à des traumatismes qui céderont la place à des guérisons car, après la crise, vient la recherche de sens et la projection dans l’avenir. L’infidélité à l’heure numérique peut tuer à petit feu si on cherche des preuves sur la toile. Or voler à quelqu’un son histoire n’est-il pas aussi une trahison ? L’infidélité vous vole votre identité, du jour au lendemain, vous faites partie de la catégorie des femmes ou des hommes trompés. Les thérapeutes s’aperçoivent qu’ils en savent plus sur les femmes blessées et les hommes infidèles que sur les hommes touchés et les femmes infidèles. Mais là aussi l’égalité en matière d’infidélité fait du chemin.
Flagellation ou vengeance
Dûe à la possessivité ou à la jalousie, l’infidélité peut jouer le rôle d’un puissant aphrodisiaque. Mais quand l’envie rencontre la jalousie, il ne reste plus qu’à tenter de regagner l’amour de l’autre. Pratiquer l’autocritique à ce stade n’arrange pas nécessairement les choses et se trouver le dernier informé est une humiliation supplémentaire. Alors mettre les compteurs à égalité en se vengeant, essayer de reprendre le pouvoir dans le couple, se dire honnête alors qu’on a envie à son tour de tromper, comme dit le psychanalyste Stephen Mitchell « Il n’y a pas d’amour sans haine ». Mais que ce soient des représailles imaginaires ou inventives, elles peuvent procurer une satisfaction étonnante. À différencier pourtant la justice punitive de la justice réparatrice avec d’un côté la blessure relationnelle, « je souffre de t’avoir perdu », de la blessure narcissique, « ma fierté est atteinte ».
Beaucoup de couples séparés et trompés se reconstruisent une seconde vie de couple… avec la même personne. Le train de l’amour peut passer deux fois !
Vicky Sommet
¹Je t’aime, je te trompe d’Esther Perel, psychothérapeute de couple, aux éditions Robert Laffont (avril 2018).
Lire
De l’infidélité d’Amanda Sthers (Plon), un essai « parce que je veux croire en l’amour, en l’amour ringard, celui des contes où ‘ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », un abécédaire où se mêlent noms communs (inconstance, polygamie ou culpabilité), noms propres (Freud, Mick Jagger, etc.) et titre d’oeuvres (La dame aux camélias, etc..).