L’Autre Ferme

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Anne-Lorraine Vigouroux, Parisienne, directrice de production, nous parlait en 2015 de son rêve de créer en France une ferme-refuge pour les animaux sur le modèle de la Woodstock Farm Sanctuary aux États-Unis. C’est chose faite aujourd’hui ! L’Autre Ferme existe depuis 2020 et accueille des animaux rescapés de l’élevage. Récit d’une belle aventure à laquelle vous pouvez participer.

Un rêve qui semble inatteignable

Dans la famille d’Anne-Lorraine, les animaux ont toujours été un sujet important. Engagés dans la protection animale, ses parents l’ont fait grandir avec l’idée de notre responsabilité vis-à-vis d’eux. Elle cesse de consommer de la viande à 21 ans après avoir vu un documentaire réalisé par Brigitte Bardot sur les animaux d’élevage. « C’est inacceptable surtout quand on a le choix de faire différemment », dit-elle. Anne-Lorraine voyage dans le monde entier pour son métier de production artistique tout en continuant en parallèle à consacrer le plus possible de son temps libre à militer auprès de différentes associations pour la protection des animaux et de la nature.

« En 2005, j’ai un flash, je décide que je veux créer un refuge pour animaux de ferme. Mais comment le financer, comment me former ? Cela semble un rêve inatteignable… »

Attachée culturelle au Canada en 2010, elle voit une affiche parlant de la Woodstock Farm Sanctuary aux États-Unis. Elle passe une semaine de vacances dans leur maison d’hôtes tout en travaillant comme bénévole au refuge. « Quand je suis arrivée là-bas, c’est exactement ce que j’avais dans la tête : mon rêve inatteignable ! Puisque c’était faisable, donc j’allais le faire. » Elle rencontre la fondatrice, Jenny Brown, et à partir de ce moment commence à économiser pour monter son propre projet. Elle retourne à Woodstock très souvent pour des séjours d’une semaine à deux mois et fait du bénévolat dans d’autres refuges afin de se confronter à la réalité de la vie dans une ferme animale.

©L'Autre Ferme - Margot DuquesneLa naissance de l’Autre Ferme

Quand elle se sent prête, Anne-Lorraine lâche le monde culturel et commence à visiter des propriétés susceptibles d’accueillir son projet. Son choix s’arrête sur la Charente, une belle région où la terre d’élevage est moins polluée que des terres de grande culture. En février 2020, juste avant le confinement, Anne-Lorraine signe l’achat d’un beau terrain de 12 hectares avec un étang et des dépendances dans un hameau à proximité du village de Montemboeuf où elle emménage le 13 mai après le déconfinement. Une fois clôtures et abris créés et la maison principale retapée, les premiers pensionnaires arrivent dès l’été : 31 moutons d’Ouessant confiés par l’OABA¹. L’association finance les frais vétérinaires et de nourriture, L’Autre Ferme assure leur bien-être. Puis, ce sont 8 poules en route pour l’abattoir qui sont recueillies. Elles sont issues d’un élevage soit-disant bio (elles ne savaient même plus manger seules…). Aujourd’hui, comme les moutons, elles sont devenues splendides, ne sont plus peureuses et vivent en liberté. Anne-Lorraine a donné à chacune un prénom et mis en place un programme de parrainage.

En attendant d’accueillir d’autres animaux, Anne-Lorraine a retapé et ouvert 3 chambres d’hôtes de charme à louer pour un week-end, quelques jours ou une semaine. Les hôtes se voient proposer des activités (cuisine, aide à la ferme) et peuvent partager leurs repas autour d’une table d’hôtes végétarienne où sont servis les produits bios de saison du jardin ou du producteur du village voisin. Les chambres d’hôtes sont réservables sur la plateforme GreenGo (alternative écolo et française à Airbnb) accessible depuis le site.

Anne-Lorraine fourmille de projets pour demain : aménager les hectares supplémentaires que l’association vient d’acquérir pour accueillir d’autres animaux en détresse, accueillir des bénévoles ou embaucher du personnel pour veiller sur les animaux tout en parvenant à l’équilibre financier² et bien sûr inspirer d’autres gens sur des projets similaires dont la France a besoin et les accompagner. « Il n’y a pas un seul jour sans que je sois émerveillée par la nature, les animaux, ce que j’ai pu déjà accomplir, même s’il faut tout conduire en même temps ! Je me sens à ma place. »

Marie-Hélène Cossé

L’Autre Ferme accueille des animaux rescapés de l’élevage, poules, lapins, cochons, chèvres, moutons et autres animaux issus le plus souvent de réformes, saisies ou abandons.
¹OABA (Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs).
²Le refuge est financé bien sûr pour un tiers par les chambres d’hôtes et la résidence d’artistes, chercheurs, philosophes, gens d’horizons différents qu’elle prévoit d’ouvrir, un tiers par les adhérents, parrains et marraines des animaux et un tiers par la  recherche de fonds.

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