C’est une expression dans l’air du temps, l’empowerment, et celui des femmes pose encore question. Femmes dirigeantes, cheffes d’entreprise, elles ne sont plus rares mais existent aussi dans les rangs militaires ou les institutions de notre pays. Telles celles qui dirigent les forces de l’ordre au Ministère de l’Intérieur.
Chacune à son poste
Pour Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, « On n’a pas à s’excuser de diriger ». Son ministère est l’objet d’un plan de féminisation, un objectif qui fait partie de son portefeuille. Ces femmes, on le sait, ont souvent dû batailler plus que leurs homologues masculins car les métiers des forces de l’ordre ont été longtemps réservés aux hommes. Comme Camille Chaize, major de sa promotion à l’École supérieure de police, qui est devenue porte-parole de ministère de l’Intérieur. Si le grade protège, c’est souvent le syndrome de l’imposteur qui prévaut, les femmes ne se sentent pas légitimes aux postes qu’elles occupent et qu’elles ont pourtant amplement mérités.
Une commandante chez les gendarmes
Isabelle Guion de Méritens est une pionnière récidiviste. Elle a été la première femme à intégrer un corps de gendarmerie et première femme officier général et générale de corps d’armée. Un monde où il est difficile pour les hommes d’être dirigés par des femmes, surtout quand les missions font appel à la force physique. On l’appelle Générale. « Je constate qu’aujourd’hui, nous sommes tous formés de la même façon, hommes et femmes. Nous suivons les mêmes écoles, les mêmes formations. Nous avons les mêmes attentes en matière de commandement : prendre une décision, conduire des équipes pour atteindre un objectif et exécuter une mission, fédérer les énergies, donner du sens, avoir une attention particulière pour ses subordonnés, agir avec humanité et justice.Tout cela sont des qualités et des possibilités qui s’offrent aux femmes et aux hommes de la même façon. Mais je pense que l’exercice du commandement n’est pas genré. C’est vraiment la personnalité de chacun qui va imprimer un style de commandement. »
Respect de la hiérarchie, culte du chef, rien n’est gagné parce que vous portez des galons. Même si on ne dit plus beaucoup aujourd’hui, commander mais manager. Les concours relèvent de choix personnels pour le poste, le lieu de l’affectation et donc votre légitimité n’est pas remise en cause parce que vous êtes une femme.
Directrice des CRS
Pascale Dubois, a été nommée, par le Président de la République, Directrice des compagnies de sécurité, à la tête des CRS, en même temps que d’autres ont été choisies pour devenir préfètes. Des études de droit pour commencer, puis inspecteur et commissaire de police, la voilà à la tête d’équipes masculines. « Je pense qu’il y a un style de commandement au féminin. De par nature, nous sommes différentes. Si commander c’est donner des ordres, je pense qu’on a une façon de le faire sans doute un peu différente, nous, les femmes. Commander si on prend la définition la plus simple, c’est donner des ordres. Donc, bien évidemment, une femme est tout à fait en capacité de donner des ordres. Mais je pense qu’il y a sans doute une réflexion un peu différente qui s’inscrit dans la façon de le faire, une certaine sensibilité, je pense aussi féminine, qui doit jouer aussi lorsque l’on donne des ordres. »
Importance des quotas, inconfort des uniformes, amplitudes horaires et grande mobilité, des préoccupations qui sont à la base de la création de l’association des femmes de l’Intérieur. Le GIGN lui compte 32 femmes, tireurs d’élite, nageuses de combat, un poste qui ne laisse pas de place au doute.
« Devant un terroriste, on n’a pas le temps de se demander si on est à la bonne place, si on fait ce qu’il faut, l’ancrage en amont nous confirme qu’on sait le faire, c’est croire en soi avant tout .»
L’objectif de ces femmes est les trois H : Humilité, Humanité et Humour. Leur reste à prendre leur place, sans prendre… toute la place !
Vicky Sommet
©Photo de Une : Isabelle Guion de Méritens, générale de corps d’armée, présidente de l’association Femmes de l’Intérieur et Pascale Dubois, directrice des compagnies républicaines de sécurité (CRS).