Nombre de couples reformés ne se marient pas, voire ceux ensemble depuis l’origine. Et pourtant en vieillissant, changement de cap, les mariages s’annoncent, bien souvent à l’initiative de l’homme. Que cela peut-il représenter lorsqu’on vit avec quelqu’un depuis longtemps ?
Pourquoi ne pas s’être mariés ?
Certains évoquent des raisons de croyances (génération 68, sur le modèle Sartre et Beauvoir), d’autres un problème de religions incompatibles, ou encore la peur des « emmerdes » que peut générer le mariage qui tourne mal… Parfois la femme, une fois seule, avoue qu’elle aurait bien aimé s’il avait bien voulu … « Pendant des années j’étais en difficulté morale du fait de ne pas être mariée. Je voyais la cérémonie du mariage comme une protection symbolique. J’avais peur de la honte que pourraient ressentir nos enfants, sans livret de famille. »
Pourquoi changer d’avis ?
Pour certains l’acquisition d’un bien facilitée par le passage chez M Le Maire, ou bien un problème de succession à régler, ou la réalité sociale de l’imposition, ou bien ceux qui avaient tout fait mais pas encore ça, ou encore ceux qui avaient envie d’une fête.
« Il m’a fait sa demande un soir en venant se coucher. On va se marier, a-t-il dit, alors que nous n’en avions jamais parlé. Pour te protéger, a-t-il répondu, quand j’ai demandé pourquoi, ce que je n’ai pas trouvé très romantique… J’ai senti qu’il y avait pensé pendant longtemps et était arrivé à une décision où il me demandait en quelque sorte de signer en bas et j’ai dit oui ! »
Une fois le mariage célébré, une belle fête, un voyage, ils sont tous unanimes : quelque chose d’imperceptible a changé, de l’ordre du symbolique, une sorte de consécration de l’engagement, une façon de se mettre dans une autre dimension. Pour lui : « Je me sentais dans ma dernière ligne droite et je voulais lui témoigner qu’elle était mon choix pour l’éternité, j’avais envie d’honorer une belle relation. » Pour elle : « C’est l’homme de ma mort. C’est inquiétant car on agite la faucheuse, mais c’est aussi diablement rassurant ! »
Les secrets d’une belle et longue relation
Quand on leur demande le secret de 25, 30 ou 40 ans de vie commune, les réponses convergent vers les mêmes principes : des activités ou des goûts à partager en commun même si chacun a son jardin personnel ; une grande tolérance envers l’autre et sa liberté ; faire confiance ; savoir se parler, communiquer, impliquer l’autre dans son parcours même si ce n’est pas son champ d’action. Cela ne va pas de soi, car cela demande un partage, de ne pas être égoïste. « C’est comme être à bord d’un kayak, il faut avoir un rythme, une entente, le même objectif. » Et les coups de canif ? « Oui, ils compliquent les choses et cela crée quelques années de malheur quand il y a un intrus dans la relation. »
Quand il y a des rapports physiques, ça assouplit la relation, « ne pas en avoir équivaudrait à une mutilation », avouent certains. C’est un capital commun, un rite, un jardin à deux où le désir s’exprime différemment au fur et à mesure des années. « 40 ans de route, ce n’est plus la découverte, tu sais là où ça va faire plaisir, là où c’est bien pour nous. Il n’y a plus de danger. Et si la panne due à l’âge arrive ou que la femme n’a pas envie, on attend d’être disponible. Ce n’est plus toi et moi, c’est nous. »
Alors, convaincus par ce mariage Plus-Vieux ? Une belle aventure pour un couple au long cours qui chérit son trésor… à deux !
Marie-Hélène Cossé