« Génération pivot, intermédiaire, charnière » pour les psy, « Génération sandwich » pour les canadiens, « Mids » pour nous… On parle bien des mêmes ! Une génération en plein coeur du mille-feuille familial : enfants, petits-enfants, conjoint, parents. Et nous ?
La vraie vie
Imaginez-vous au bureau entre deux réunions, plongée dans vos dossiers ou, mieux, en rendez-vous avec des clients et là, la déferlante : le « petit » dernier vous appelle parce qu’il doit finaliser ses choix sur Parcoursup et qu’il a besoin de vous à deux heures de la clôture du portail, votre aîné n’a aucun plan B pour récupérer son cher rejeton à la crèche et votre maman chérie vient de glisser et de tomber dans son appartement. Urgence !
« Entre 45 et 65 ans, on doit gérer vie professionnelle et personnelle, accompagner ses enfants, voir petits enfants et des parents vieillissants. » Serge Guérin, sociologue
Rien de nouveau pour les Mids à s’occuper de leurs parents qui vieillissent et de leurs enfants qui ont longtemps besoin d’aide…Du fait de l’allongement de la vie, une feuille supplémentaire vient s’ajouter avec la génération des petits enfants. Sans compter, sa vie de couple à ne pas négliger au risque de séparations tardives, de plus en plus nombreuses, et qui font des femmes solo, les gestionnaires du tout ! Et, j’oubliais, le passage à la retraite, cap ô combien traumatisant à passer.
« Cette situation dans sa difficulté et sa beauté a à voir avec la vérité de l’existence. » Fabrice Midal¹, philosophe
Il n’en demeure pas moins que retraitée ou pas, jouissant de revenus confortables ou pas, cette suractivité demande beaucoup d’énergie. A un moment où on pourrait être tenté de vivre pour soi, c’est souvent impossible. Un enfant qui divorce, un parent qui tombe malade : on met de côté ses rêves pour prendre en charge ses proches.
« Les hommes et les femmes entre 50 et 60 se retrouvent pris entre leur propre crise existentielle, celle de leurs ados et celle de leurs parents Il est important de s’écouter, de connaître sa limite physique et psychique et savoir dire non quand elle est atteinte en expliquant ce que nous ressentons. » Catherine Bergeret-Amselek², psychanalyste
Trouver la bonne distance
Pour réussir à trouver la bonne distance, ne pas devenir le parent de ses parents et l’esclave de ses enfants et de ses proches, chacun sa méthode :
♦Être dans l’action, chercher (et trouver) des solutions aux problèmes qui surgissent, assurer la logistique permet aux hyperactives que nous sommes, de ne pas perdre pied et de se rassurer.
♦Se faire du bien pour faire face aux peurs éprouvées et aux multiples sollicitations permanentes. Du sport, une promenade en forêt, un massage, un WE detox…tout ce qui vous fait envie et vous permet de prendre du recul.
♦Se faire aider : « Si la valise est trop lourde à porter, c’est parfois une escale chez un professionnel de la relation d’aide qui permettra de déminer un terrain familial trop chargé. » Catherine Bergeret-Amselek
Et si nous appliquions à notre vie privée, la théorie du « Monkey management » : ne garder sur nos épaules que nos singes et pas le zoo complet ?
Agnès Brunel
¹« Foutez-vous la paix ! » et « Sauvez votre peau ! Devenez narcissique » de Fabrice Midal (Éditions Flammarion)
²« La vie à l’épreuve du temps » et « La Femme en crise » de Catherine Bergeret-Amselek (Éditions Desclée de Brouwer)