« Quand j’étais une petite fille, mon grand-père avait offert aux trois ainés une voiture à pédales. Je ne savais pas ce que c’était comme modèle mais quand j’ai vu plus tard une Morgan, j’ai su que c’était la voiture de mon enfance ! À 20 ans, j’ai eu mon permis et j’ai tout de suite aimé conduire ». Aujourd’hui, Marie-Odile Réglade roule au volant d’une Morgan 4/4 (quatre roues, quatre cylindres) de couleur Whitehall, beurre frais pâle, intérieur noir.
La voiture de mes rêves
« Une voiture, ce n’est jamais qu’un moteur, des roues et un volant ! L’avantage de la Morgan, c’est d’être une voiture moderne sous une apparence ancienne ». C’est en effet une des seules marques qui n’ait jamais interrompu sa fabrication depuis 1936. Elle a seulement installé des moteurs plus performants dans ses voitures pour les adapter aux exigences actuelles. Même si dans ses rêves, Marie-Odile a aussi pensé à l’Austin Healey, voire l’AC Cobra, elle sait que les voitures anciennes tombent facilement en panne et que les réparations sont longues et coûteuses.
« La Morgan n’est pas une réplique, elle est gracieuse et très élégante comme le sont beaucoup de voitures anciennes, elle reste de conception ancienne, ni ABS, ni direction assistée, un freinage plutôt lent, mais je roule avec un moteur moderne ».
Et sous le capot ?
En Angleterre, on trouve beaucoup de constructeurs, de petits ateliers de mécanique et une créativité pour imaginer des lignes originales. Les voitures anglaises ont toujours su conquérir les esthètes, ceux pour qui la vitesse n’est pas forcément l’atout majeur mais qui sont séduits par les accélérations de leur bolide. « Je connais juste ce qu’il faut de technique, les différents éléments du véhicule comme la pompe à eau ou le changement de vitesse, mais ce n’est pas moi qui vais réparer en cas de problème parce que je n’ai ni la compétence ni les outils adéquats et que, le moteur étant moderne, les garages qui savent le faire sont nombreux. Si je devais changer de Morgan, je prendrai un V8. Ceci dit, de toutes façons à partir de 130km/h, n’importe quelle Morgan décolle ! ».
« J’ai acheté ma voiture d’occasion avec la conduite à droite, comme une vraie anglaise, et pour moi qui adore rouler en Grande-Bretagne où je la fais entretenir, c’est facile. Je garderai cette Morgan aussi longtemps que possible car c’est un petit modèle, très étroit et très féminin ; je n’aime pas les Rolls, lourdes et plutôt raides ; donc pas de regrets sur ce choix. »
Rouler cheveux au vent
Marie-Odile Réglade privilégie les rallyes et sorties qui empruntent les petites routes. Elle aime aussi les épreuves de régularité qui imposent de rouler à une certaine vitesse, sur telle distance, en un temps donné. Il faut se conformer au rapport exigé et donc savoir faire une règle de trois. « C‘est plutôt un monde d’hommes où on parle essentiellement « bagnoles » ! Ce que nous partageons, c’est le plaisir de se retrouver ensemble. Et puis, c’est très joli à l’œil de circuler sur une petite route en regardant une file de Morgan devant soi. L’important, ce n’est pas d’arriver le plus vite possible mais d’avoir voyagé ! ». Car la pilote roule décapotée, le siège est bas et les sensations sont proches de celles de la moto. « J’aime bien les cabriolets pour rouler dans la nature, pour sentir les odeurs, écouter les bruits, même et surtout ceux du moteur de ma Morgan ! ».
Les Morganistes se reconnaîtront
Pour certains de ces conducteurs passionnés, la Morgan est un peu comme leur fiancée. On ne peut s’asseoir sur le capot ou sur l’aile, on n’a pas le droit de la toucher, on ne la prête jamais et on passe son temps à la brider, la bricoler ou la bichonner. Marie-Odile est plus cool, elle prête sa voiture à des personnes qui en prendront soin, sachant qu’elles ont entre les mains un bijou… à conduire en douceur.
Vicky Sommet