Christo n’aurait pas été Christo sans Jeanne-Claude¹… Arrivé sans le sou à Paris en 1958 pour fuir le régime stalinien de Budapest, Christo Vladimirov Javachef, jeune étudiant en art, fait le portrait de ces dames pour gagner sa croûte. En livrant celui que la comtesse de Guillebon lui avait commandé, il rencontre sa fille Jeanne-Claude lors du déjeuner familial. L’attirance physique des deux jeunes, nés le même jour, fera le reste. C’est l’art qui réunira le Bulgare hébergé dans la chambre de bonne des Guillebon et la jeune Française, promise à un avenir dans la haute société parisienne. Après un mariage qui aura duré quelques jours, elle quitte son mari de 11 ans son aîné après leur lune de miel pour retrouver Christo. Leur fils Cyril nait alors que Jeanne-Claude n’est pas encore divorcée. Elle rejoint Christo, son bébé sous le bras, dans une petite chambre de l’île Saint-Louis. Ils émigrent ensuite aux États-Unis où la carrière de Christo peut enfin démarrer, avec l’aide de Jeanne-Claude. Portraitiste par nécessité alimentaire, Christo est avant tout habité par le désir d’empaqueter les objets. Il commence par des barils, des tableaux, des meubles… Christo et Jeanne-Claude souhaitaient empaqueter Paris, que Christo considérait comme un musée.
Après le Pont Neuf en 1985, ils auraient été tellement heureux² de voir leur Arc de Triomphe empaqueté…
Marie-Blanche Camps
¹C’est une véritable histoire d’amour que l’on découvre dans le documentaire des frères Maysles, Christo in Paris (1990). Les deux cinéastes américains ont suivi le couple Christo-Jeanne-Claude pendant les 10 ans qu’il leur a fallu pour monter le projet d’empaquetage du Pont-Neuf. Jeanne-Claude est joyeuse, pleine d’esprit, attirée par Christo comme au premier jour. « Il pouvait m’apporter des choses extraordinaires ! »
²Jeanne-Claude est décédée en novembre 2009 et Christo en mai 2020.
L’Arc de Triomphe empaqueté visible du samedi 18 septembre au dimanche 3 octobre 2021. Attention la place de l’Étoile sera piétonnisée le week-end pour l’occasion.