C’est en empruntant récemment la ligne de tram T3, inhabituelle pour moi, que j’ai pris conscience que cet itinéraire était décliné au féminin. Oubliant un instant la contrainte du transport, au gré des arrêts, l’histoire a défilé, des visages sont apparus, une bande-son s’est fait entendre : Alexandra David-Néel (exploratrice, écrivaine), Marie de Miribel (fondatrice d’œuvres sociales et hospitalières et résistante durant la Seconde Guerre mondiale), Séverine (journaliste libertaire), Delphine Seyrig (actrice, mais également militante féministe), Adrienne Bolland et Maryse Bastié (toutes deux courageuses aviatrices mais aussi impliquées dans le combat pour le vote des femmes), Ella Fitzgerald (chanteuse de jazz américaine, active dans la lutte contre les discriminations), Rosa Parks (afro-américaine, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis) ou encore, dans les derniers 400 mètres, Colette Besson, athlète multi-médaillée. Seule, jusqu’à présent, Louise Michel a le droit à sa station de métro parisienne, Marie Curie étant éternellement mariée à Pierre !
Sur le chemin du retour, une brève revue de presse révélait d’une part que le listing des odonymes français (rue, place, boulevard…) ne comptait, parmi les 200 personnalités les plus citées, qu’une quinzaine de femmes présentes et d’autre part qu’une ancienne esclave noire et abolitionniste Harriet Tubman s’affichait désormais sur le billet américain de $20.
Ayant découvert, par ce périple au nord de la capitale, que Césaria Évora et Colette Magny avaient leurs rues mitoyennes, je rejoignais, chantonnant Melocoton, la rue… Mademoiselle.
Christine Fleurot