Il suffisait de presque rien

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Minuit passé, fin juillet, WhatsApp clignote : « Anne-Claire, c’est juste pour t’informer qu’un voisin a embouti ta voiture. » Suit une photo avec la plaque du véhicule fautif bien visible, le reste est à deviner. Il ne faudra pas plus de 30 secondes à l’expert pour envoyer ma voiture, devenue épave, ad patres. Juste le temps d’enfourcher le vélo de ma voisine Martine pour aller récupérer mes CD de Reggiani. « Il suffisait de presque rien » pour que je me mette au vélo ! L’opportunité de découvrir la vie, les automobilistes et la ville sous un autre angle, éviter la pluie si possible ou apprendre à pédaler en bottes et ciré voire à accélérer, comme en Ré, où 4 mois plus tard j’ai tenté d’aller plus vite que l’orage qui m’a rattrapée sur la piste cyclable éclairée, le grand luxe. À prendre son vélo trois fois par jour pour aller au marché, à la poste ou au supermarché, on constate avec plaisir qu’on peut perdre une pédale et garder sa dignité, faire une chute à l’arrêt, dans sa rue déserte, tomber de toute sa hauteur sur l’asphalte et se relever avec la joie enfantine d’un « même pas mal ! ». Attention cependant à la griserie dans les descentes, comme dans La Cité des Anges, ou au rêve d’être Paul Newman dans la mythique scène de Butch Cassidy et le kid. Qu’il soit dans nos têtes ou sous nos pieds, le vélo nous transporte à tout âge, pourvu qu’on ne garde pas la tête trop dans le guidon !

Anne-Claire Gagnon

Butch Cassidy and the kid (1969)

LIRE « Le monde selon Nala » de Dean Nicholson (Editions City, janvier 2021) Dean, Écossais de 30 ans, s’est lancé dans un tour du monde à vélo. Il partage sur son compte Instagram @1bike1world ses aventures avec Nala, la petite chatte qu’il a sauvée. Son livre est devenu un best-seller traduit dans plusieurs pays.

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